Perceptives économiques de la Côte d'Ivoire: Le secteur privé soumet ses préoccupations au gouvernement
Le président de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire, Jean-Marie Ackah, n’est pas allé de main morte pour soumettre les difficultés du secteur privé au Premier ministre Hamed Bakayoko. « Nous avions, par courrier en date du 3 juillet 2020, demandé au Premier ministre la reconduction de certaines mesures, notamment celles portant sur la suspension des contrôles fiscaux, douaniers et en matière sociale. Aujourd’hui bien au contraire, la majorité de nos entreprises ont reçu des avis de contrôle. Nous avions également demandé que la mesure d’exonération des droits et taxes de porte sur les équipements de santé, matériels et autres intrants sanitaires soient prorogées, car les entreprises intervenant dans la fabrication des produits sanitaires de lutte contre la Covid-19 n'en ont pas suffisamment bénéficié. Nos entreprises n’ont pas de visibilité sur la reprise effective de leurs activités », s’est désolé le président de la Cgeci en présence des membres du gouvernement, chefs d’entreprise et présidents des chambres consulaires.
Jean-Marie Acka a tout de même reconnu que sur les 250 milliards de FCFA prévus dans le cadre de la riposte contre la pandémie en faveur des Pme et grandes entreprises, 15 milliards ont été injectés dans l’économie depuis cinq mois.
Le patron de la Cgeci a demandé au gouvernement des mesures urgentes pour le remboursement de la Tva. « La mesure de remboursement accéléré des crédits de Tva qui, nous l’espérions, raccourcirait les délais de paiement, a conduit à une rallonge desdits délais et au constat d’un niveau de Restes à payer inédit. A fin mai, ces restes à payer s’élevaient à plus de 31 milliards de Fcfa, pour atteindre le montant d’environ 39 milliards à fin août 2020, contre quasiment zéro au mois de janvier.
La quasi-totalité de ces montants est aujourd’hui gelée et ce gel des remboursements obère sérieusement la trésorerie des entreprises concernées. Cette situation n’est pas acceptable, les crédits de Tva constituant des avances faites à l’État par les entreprises ; ce qui justifie d’ailleurs leur remboursement », a-t-il ajouté.
Jean-Marie Acka a souhaité qu’une attention particulière soit accordée aux autres créances que l’État doit aux entreprises. « Les créances du secteur du bâtiment et des travaux publics dont le cumul s’élève à plus de 33 milliards de Fcfa ; les créances des établissements d’enseignement privé concernant les frais d’écolage pour l’année académique 2019-2020 qui vient de s’écouler, de l’ordre de 34 milliards de Fcfa pour l’enseignement supérieur privé seulement. Les créances des entreprises de sécurité sur le Trésor public d’un montant d’environ 1,8 milliard », a-t-il énuméré.
Évoquant le cas de l’annexe fiscale 2021, le président de la Cgeci a formulé la demande que celle-ci ne comporte aucune taxation nouvelle, mais plutôt qu’elle apporte des corrections sur des situations antérieures préjudiciable à certaines activités. Notamment le secteur des télécommunications et du caoutchouc. Jean-Marie Ackah a, par ailleurs, réaffirmé l’engagement du secteur privé dans l’amélioration de l’environnement des affaires.
Le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire, Touré Faman, a abondé dans son sens en proposant au gouvernement des mesures fiscales de soutien au renouvellement des équipements des hôtels situés sur le littoral, de défiscalisation du matériel médical pour favoriser le renforcement des plateaux techniques des établissements privés de soins, ainsi que des textes législatifs et règlementaires appropriés relatifs au télétravail afin d’accélérer la transformation de l’économie et assurer la compétitivité des entreprises.
Des préoccupations jugées importantes par le Premier ministre, qui a promis de donner une bonne suite.