La polémique de la semaine : Á reculons de l’histoire

Des militaires maliens paradant après leur coup de force qui a vu l'éviction du Président Ibrahim Boubacar Kéita. (DR)
Des militaires maliens paradant après leur coup de force qui a vu l'éviction du Président Ibrahim Boubacar Kéita. (DR)
Des militaires maliens paradant après leur coup de force qui a vu l'éviction du Président Ibrahim Boubacar Kéita. (DR)

La polémique de la semaine : Á reculons de l’histoire

Le 26/08/20 à 09:06
modifié 26/08/20 à 09:06
Ce continent mien ne cessera pas d’étonner le monde, avec ses faits insolites au quotidien et ses bizarreries de tous ordres : une autorité qui fait retourner un avion en bout de piste ; des communautés qui se découpent à la machette comme au temps des barbares en ce siècle du progrès des intelligences ; des appels au meurtre sur les réseaux sociaux, avec des commentaires approbateurs, etc. Je suis sûr qu’un tel continent n’étonne plus ceux qui dirigent le monde, quand ils voient nos manières de vivre, surtout dans nos rapports au pouvoir et avec le pouvoir, dans notre irrespect de tout ou presque. Même que la menace de cette peste des temps modernes, le virus à corona, ne nous effraie guère. Un défi insensé.

La semaine dernière, en politique, le Mali qui a mal à sa démocratie en a ajouté à une liste déjà longue de ses mardis noirs, ou de ses mardis de la libération :

- Mardi 19 novembre 1968, renversement de Modibo Keita ;

- Mardi 26 mars 1991, Moussa Traoré ;

- Mardi 22 mars 2012, Toumani Touré

- Mardi 18 août 2020, Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Président élu, à l’autorité malmenée depuis par la rue, il a été déchu finalement par les hommes en armes de l’armée du Mali, le pays qu’il dirigeait ; qu’il représente démocratiquement.

Le concerné, lui-même, ne veut plus entendre parler de son retour aux affaires, au moment où les communautés ouest-africaines, les instances internationales entendent le rétablir dans ses fonctions conformément aux principes démocratiques, qui censurent selon les cas, les coups d’État. Où finira-t-il ses jours, IBK ? Nul ne le sait.

Ainsi vont les actualités africaines, avec les palabres qui n’en finissent jamais, lesquelles font les choux gras des médias occidentaux, si friands de cette Afrique des insolites au quotidien et des putschs d’hommes en armes et en uniformes qui ne vont rien avancer, sinon que retarder le continent dans sa marche vers le développement.

Pendant que les nations des continents développés se projettent chaque jour, par le travail, la discipline et l’audace de rêver grand pour leurs pays, avec des prouesses inventives dans tous les domaines, dans toutes les disciplines, mon continent, hélas, ne cesse d’étonner le monde en accomplissant des prouesses d’un autre type qui le font marcher à reculons dans l’histoire : faire régner la force sur le droit, l’irrespect des lois que l’on s’est prescrites par la force des armes.

Au moment où l’on parle de cette démocratie qui gère le monde, à part les États totalitaires, les Républiques pénitentiaires et les monarchies, cela s’appelle marcher à contre-courant de l’histoire.

Avec le Mali qui n’en a pas encore fini avec le terrorisme, ce coup contre l’État - c’est cela un coup d’État - doit être vu non comme une porte ouverte au terrorisme, mais il reste assurément une menace pour la sous-région ; en termes de sécurité aux frontières, et une réelle menace aussi sur la démocratie à laquelle parlent les démocrates d’ici et d’ailleurs. Un ami me disait : « Mais un coup d’État, c’est quand les voies/voix de la démocratie sont bouchées ou muselées ; il permet d’accélérer l’histoire ». Quelle histoire et quelle bonne histoire ? Je n’y souscris pas du tout.

Qu’ont donné au continent les nombreux coups contre l’État ? L’histoire du continent est là, toute fraîche aussi, pas si vieille, pour nous montrer qu’ils furent tous, ces coups, de mauvais coups. Dans tous les sens. Même quand ils furent les conséquences d’élections le plus souvent mal négociées, les élections « wouya-wouya » riches en contestations de tous ordres qui finissent pauvrement dans les refus de l’acceptation du vainqueur. Où va un tel continent qui ne sait regarder dans le rétroviseur de son histoire pour en tirer les leçons – les vraies- et s’éviter de tomber dans la bêtise, voire le chaos, si... ?

Combien de pays sur ce continent vont affronter des échéances capitales cette année; la présidentielle, la mère des palabres ? Qu’importe ! Pour mon pays d’abord, au moment où surchauffe le climat social ; pour mon continent, que le meilleur gagne ! Dans la paix ! Facile de le dire sous les Tropiques. De comprendre que dans une élection, il y a toujours et nécessairement un vainqueur. Prions afin que les vainqueurs soient les vrais, acceptés de tous, dans une compétition purement démocratique, qui fasse appel à la sagesse de tous.

Après 60 ans d’indépendance, est-ce trop demandé à ceux qui veulent nous diriger ? Même pas !


Le 26/08/20 à 09:06
modifié 26/08/20 à 09:06