Commercialisation de la noix de cajou : L’Etat débloque une subvention de 47 milliards de FCfa

Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. (DR)
Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. (DR)
Kobenan Kouassi Adjoumani, ministre de l'Agriculture et du Développement rural. (DR)

Commercialisation de la noix de cajou : L’Etat débloque une subvention de 47 milliards de FCfa

Bonne nouvelle pour les producteurs de la noix de cajou. Le gouvernement vient de mettre à disposition une enveloppe de 47 milliards de FCfa pour acheter la production restée aux mains des paysans depuis le début de la Covid-19.

La campagne de commercialisation subventionnée par le gouvernement débute dans les jours prochains. Elle permettra de soulager les paysans qui traversent des moments difficiles.

Mais en attendant l'ouverture de la campagne, le gouvernement entend introduire des dispositifs plus répressifs en matière de commercialisation et d'exportation illicite des produits agricoles soumis à agrément.

Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, était donc porteur d'un projet de loi de ratification allant dans ce sens, le 25 août, à Yamoussoukro, devant le Sénat.

L'émissaire du Président de la République avait à soumettre aux membres de la Commission des affaires économiques et financières (Caef), pour adoption, le projet de loi de ratification de l'ordonnance n°2018-437 du 3 mai 2018 portant répression de la commercialisation et de l'exportation illicite des produits agricoles soumis à agrément.

Eu égard à la pertinence de cette décision, les 15 membres de la Caef présents sur les 16 ont adopté à l'unanimité cette loi.

Dans ses explications, le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani a rappelé aux parlementaires que la réforme des filières coton et anacarde entreprise par la Côte d'Ivoire depuis 2013 a suscité un certain engouement pour les activités de commercialisation chez les acteurs et opérateurs économiques intérieurs comme extérieurs.

En ce qui concerne l'anacarde, cet engouement s'est traduit par une augmentation significative du nombre d'acteurs. Malheureusement, cela n'a pas été sans incidents sur le terrain. Notamment la fuite de la production nationale vers les pays limitrophes tels que le Ghana et le Burkina Faso.

Au titre des sanctions, la loi ne prévoit que le retrait d'agrément et renvoie pour le reste à l'application du code des douanes et du code pénal, notamment en leurs dispositions réprimant l'exportation illicite des produits agricoles et la fraude en matière de commercialisation des produits agricoles. Ces sanctions, on le constate, ne sont pas suffisamment dissuasives pour juguler la fuite des produits.

Aussi, désormais, tout camion pris avec un chargement d'anacarde en direction d'un pays voisin verra-t-il son contenu vendu sur place, au profit des caisses de l'État.

Ces sanctions visent à bloquer la fuite des produits, à sécuriser les recettes de l'État, à reconstituer les statistiques de la Côte d'Ivoire et à relever le défi de la transformation. Il s'agit de sécuriser la fourniture des matières premières aux transformateurs afin de les attirer en Côte d'Ivoire et de booster la transformation nationale qui se situe autour de 93 000 tonnes contre 25 000 tonnes pour le Ghana.

Au total, c'est près de 25 à 30% de la production nationale qui est détournée vers les pays voisins. Ce qui constitue un manque à gagner tant au niveau des recettes que de la fiscalité, avec des bonus engrangés relativement à la qualité pour ces pays limitrophes.

L'autre menace pour la Côte d'Ivoire réside dans la transformation. Les usines sont tentées d'aller s'installer dans ces pays qui œuvrent à garantir la fourniture de matière première, au détriment du leader mondial de cette spéculation avec une production de plus de 800 000 tonnes par an.

Comme on le constate donc, la menace la plus préoccupante de la consolidation des acquis de la réforme réside aujourd'hui dans l'exportation illicite, par voie terrestre, principalement dans les régions frontières, notamment l'Indénié-Djuablin, le Gontougo, le Bounkani et le Tchologo.

"A fin 2018, les quantités de noix de cajou objet de ce trafic sont estimées entre 20 000 et 50 000 tonnes, faisant perdre à l'État et aux structures de la filière, 3,1 à 7,8 milliards de FCfa au titre des recettes fiscales et parafiscales", a souligné le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani.

Le ministre de l'Agriculture et du Développement rural a également présenté, le même jour, un projet de loi portant ratification de l'ordonnance n°2018-756 du 26 septembre 2018 modifiant l'ordonnance n° 2011-481 du 28 décembre 2011 fixant les règles relatives à la commercialisation du café et du cacao et à la régulation de la filière café-cacao.

Désormais donc, en matière de commercialisation du café et du cacao, il n'y a plus de période. La Côte d'Ivoire vendra sa production dès que les cours seront favorables sur le marché international. Et ce, en harmonie avec le Ghana.

Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire compte plus de 920 000 producteurs, dont 90 000 dans les forêts classées, avec une bonne traçabilité de la main-d'œuvre. "On ne peut pas dire que nous utilisons des enfants dans la production. On fait beaucoup d'amalgames. Quand nous étions petits, nous accompagnions nos parents au champ. Cela fonctionnait sous forme de garderie", a souligné le ministre Kobenan Kouassi Adjoumani pour dire que la Côte d'Ivoire n'utilise pas les enfants dans la production du cacao, comme on veut le faire croire.

Cette loi a été également adoptée à la majorité des membres de la Caef présents.

N'DRI CÉLESTIN