Éligibilité, listing électoral, marche de l’opposition...: Bictogo, Adjoumani, Assoa Adou et Guikahué se disent les vérités

Un débat sur l'éligibilité d'Alassane Ouattara. (DR)
Un débat sur l'éligibilité d'Alassane Ouattara. (DR)
Un débat sur l'éligibilité d'Alassane Ouattara. (DR)

Éligibilité, listing électoral, marche de l’opposition...: Bictogo, Adjoumani, Assoa Adou et Guikahué se disent les vérités

Le 19/08/20 à 20:51
modifié 19/08/20 à 20:51
Le directeur exécutif du Rhdp, Adama Bictogo, le porte-parole principal du Rhdp, Kobenan Kouassi Adjoumani, le secrétaire exécutif en chef du Pdci-Rda, Maurice Kacou Guikahué et le chef de file du mouvement « Gbagbo ou rien », Assoa Adou, sur un même plateau ! Les quatre tenors ont croisé le fer lors d’un débat sur les antennes de la Rti1, hier, à 16 heures.

Les sujets qui fâchent n’ont pas manqué. Notamment l’éligibilité du président sortant Alassane Ouattara, le listing électoral et les marches décrétées par l’opposition.

D’accord sur tous ces sujets, les deux opposants Assoa Adou et Maurice Kacou Guikahué sont apparus en désaccord sur tout avec les représentants de la majorité présidentielle.

« Le président Ouattara ne peut pas être candidat », a asséné Maurice Kacou Guikahué. Assoa Adou a renchéri en se fondant sur les déclarations faites, en 2016, par le président du comité des experts pour la rédaction de la nouvelle Constitution Ouraga Obou et le ministre de la justice Sansan Kambilé. Chacune des deux personnalités, ayant, selon lui, promis que le chef de l’Etat ne pouvait pas faire un troisième mandat en 2020.

Mais comment une même élection présidentielle peut-elle être régie par deux Constitutions différentes ? Si le président du Pdci-Rda Henri Konan Bédié peut se déclarer candidat pour la présidentielle d'octobre prochain, c’est en application de cette Constitution du 6 novembre 2016. Sinon, Bédié, 86 ans, aurait été inéligible aux termes de la constitution de 2000 qui fixait l’âge limite de l’éligibilité à 75 ans.

N’est-ce pas un paradoxe d’invoquer la Constitution de 2016 s’agissant de Bédié et en même temps brandir la Constitution de 2000 contre le président de la République Alassane Ouattara ?

Pour Adama Bictogo et Kobenan Kouassi Adjoumani, leurs adversaires donnent dans la confusion. Car en se portant candidat à sa propre succession en octobre 2020, le président Alassane Ouattara, élu en 2010, ne fera pas un troisième mandat s’il l’emporte. Ce sera plutôt son premier mandat sous la troisième République. Nuance !

« Le président Ouattara sera candidat dans le cadre de la troisième République et ce sera son premier mandat », a précisé le ministre Adjoumani.

En effet, la Constitution de 2000 et celle de 2016 qui l’a abrogée, limitent chacune à deux, le nombre de mandats présidentiels. En octobre 2020, l’empire de la Constitution de 2020 sera échu en ce qui concerne ses dispositions sur les mandats présidentiels. Alassane Ouattara qui a fait deux mandats sous la Constitution de 2000, briguera son tout premier mandat sous l’empire de la Constitution de 2016.

Car d’une République à l’autre, chaque Constitution est souveraine. Et d’ailleurs, selon Kobénan Kouassi Adjoumani, l’article 183 de la Constitution de 2016 prévoit la « continuité législative » (lois ordinaires et règlements) et non pas « la continuité constitutionnelle ». Encore, nuance !

Guikahué et Assoa Adou ont réclamé « un audit international » de la liste électorale. A un mois et demi de l’ouverture de la campagne électorale! « Si le gouvernement veut un vrai dialogue politique, en une semaine, tous les problèmes peuvent être résolus (...) Nous voulons aller aux élections. Le Pdci est dans les dispositions d’aller aux élections et de les gagner. Ça dépend du gouvernement, il faut une commission électorale transparente», a assuré Guikahué.

« Nous sommes disposés à aller aux élections. Mais on va aux élections, en s’assurant que tout est fait correctement », a renchéri Assoa Adou pour qui Laurent Gbagbo "est éligible et doit être remis sur la liste électorale". Sauf que cela ne va pas de soi, puisque l’ancien président de la République a été condamné par défaut (20 ans) par les tribunaux ivoiriens.

« L’opposition veut que les élections se fassent conformément à ses souhaits. Ce n’est pas acceptable (...) La liste électorale est fiable. Cette élection doit avoir lieu », a répondu Adama Bictogo, accusant plutôt l’opposition d’imposer parallèlement « une sorte de guerilla » sous le vernis de marches pacifiques.

Le ministre Adjoumani voit dans ces marches décrétées par l’opposition le signe qu’elle n’est pas prête et use de dilatoire.« Est-ce faire une marche pacifique que de brûler des pneus sur du bitume pour le dégrader ? Est-ce faire une marche pacifique que de barrer l’autoroute pour empêcher les populations d’accéder à Abidjan ? » s’est-il interrogé.

Tous les coups ont été permis. Ou presque. Comme quand Adjoumani accuse Guikahué d’avoir déchiré les affichages de Bédié en 2000. Ou quand Assoa Adou impute au ministre Adjoumani d'avoir déclaré que le Rhdp n’a pas honte d’enrôler des étrangers. Ou encore lorsque Assoa Adou est accusé d’être dans « l’illégalité » chaque fois qu’il parle au nom du Fpi.

Il reste que le débat a eu au moins le mérite de se tenir. De quoi contribuer à baisser la tension.


Le 19/08/20 à 20:51
modifié 19/08/20 à 20:51