Le secteur culturel face au covid-19/Kajeem: «Un vent de panique et de désespoir souffle sur la culture»

KAJEEM
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Le secteur culturel face au covid-19/Kajeem: «Un vent de panique et de désespoir souffle sur la culture»

Les acteurs du secteur culturel continuent de broyer du noir face à la pandémie du coronavirus. Contrairement à d’autres secteurs qui ont vu leurs activités plus ou moins reprendre, ce n’est pas véritablement le cas pour les hommes de culture. « Alors que le secteur culturel, comme beaucoup d’autres secteurs économiques, est durement touché par la fermeture des lieux de spectacles, de concerts, et d’exposition, un vent de panique et de désespoir souffle sur la culture depuis le début de la crise due au coronavirus. La violence avec laquelle cette crise frappe le monde des arts et de la culture est sans égal », a écrit l’artiste Kajeem dans une communication qui nous est parvenue le 15 juillet.

Intitulée "Arts et culture, les oubliés de la République ", ce véritable cri du cœur de Kajeem dépeint la situation délétère des acteurs culturels qui n’ont pour espoir qu’une bonne action de soutien du gouvernement en leur faveur. Car, écrit-il, « pour la plupart, la peur de mettre la clé sous le paillasson domine, même si quelques rares font contre mauvaise fortune bon cœur. Les yeux jusque-là tournés vers les pouvoirs publics dans l’espoir d’un coup de main salvateur, commencent à être embués de larmes et de désespoir tant jusqu’à présent aucun signe positif ne semble poindre. Les marchés, supermarchés, gares routières, transports en commun, eux, sont autorisés à exercer, et cela en dépit d’un respect plus qu’approximatif des mesures barrières. Mais les salles de spectacle, plus faciles à discipliner, elles, ne sont toujours pas autorisées à ouvrir ».

Kajeem juge injuste ce manque de soutien à l’égard du monde artistique qui pourtant, dès le début de cette pandémie, s’est mis en branle, à la suite du corps médical, pour prendre à bras le corps l’initiative de la sensibilisation aux gestes de prévention contre la pandémie. « Loin de nous l’idée de minimiser les efforts du gouvernement depuis la survenue de cette pandémie, mais il apparaît manifestement qu’à défaut d’avoir raison du virus, les mesures de fermeture de nos espaces de travail finiront par tuer au sens propre comme au figuré, la culture dans notre pays et avec elle ses acteurs. Derrière chaque artiste, il y a au moins une dizaine de personnes allant des musiciens, danseurs, techniciens de la scène, au staff managérial. Et derrière chacune de ces personnes, une famille », a indiqué Kajeem, qui pense s’être autorisé à écrire ces mots parce que l’heure est grave et de nombreux artistes se meurent.

Quatre mois d’arrêt d’activité qui ont pour conséquences des mois d’arriérés de loyer de locaux de travail et d’habitation, des factures impayées, aucune visibilité sur le proche futur sont, selon l’artiste, des difficultés auxquelles Ils sont confrontés.

Pour lui, il est urgent que quelque chose soit engagé à leur faveur; car «tout prétendu développement qui ne prend pas en compte l’art et la culture n’est qu’affabulation. N’est-ce-pas par la musique, la danse, le cinéma, par tout ce qui touche à la liberté de l’homme que nous pouvons passer pour éduquer notre peuple que ce soit du point de vue de l’hygiène, l’alphabétisation, que ce soit pour organiser le travail, ou pour donner du courage ? N’est-ce-pas par la musique que l’on envoie les troupes au front ? A-t-on déjà vu une armée sans musique, depuis le temps des romains et même avant? », a-t-il exprimé, avant de conclure par un appel: « En ces temps sombres, nous interpellons tous ceux qui ont un pouvoir décisionnel afin que quelque chose soit fait pour mettre fin à cette interminable agonie. Le monde des arts et de la culture saura se souvenir de ceux qui auront été à ses côtés quand grondait le tonnerre »

SERGES N’GUESSANT