Alassane Ouattara : « Amadou, je t’aime moi aussi »

Alassane Ouattara : « Amadou, je t’aime moi aussi »

Le 15/07/20 à 18:59
modifié 15/07/20 à 18:59
Les grandes douleurs laissent sans voix. C’est pourquoi il n’avait pas donné de la voix. Mais le Chef de l’État Alassane Ouattara a trouvé hier la force de s’épancher d’un mot sur le drame personnel qui est le sien depuis une semaine, du fait de la disparition brutale de celui qu’il appelle son fils. Alassane Ouattara est intervenu au Parc des sports de Treichville, à la fin d’une série de témoignages émouvants, à l’occasion de l’hommage que rendait le Rhdp au Premier ministre Amadou Gon Coulibaly (AGC) décédé le 8 juillet à Abidjan.

« Les grandes douleurs sont muettes. C’est pour cela vous ne m’avez pas entendu depuis le dur adieu de mon fils Amadou Gon Coulibaly. Amadou devant quitter Abidjan cet après-midi pour retourner à Korhogo, malgré la douleur, je ne pouvais pas ne pas prendre la parole pour vous dire un grand merci », a déclaré le Président de la République qui a exprimé sa reconnaissance à tous, pour l’accueil, l’affection et la disponibilité dont son collaborateur de 30 ans a bénéficié, le long de la riche carrière et sa modeste vie.

Alassane Ouattara a annoncé que le 40e jour du décès du Premier ministre se fera à Korhogo, le dimanche 16 août prochain. Et il a promis à cette date de rendre un hommage « particulier » à son « fils ».

Ce fils qui, surpassant sa timidité et sa pudeur et devant la nation entière lui a dit, le 2 juillet dernier, « Président, je vous aime ».

« Amadou, je t’aime moi aussi », lui a répondu Alassane Ouattara, hier.

Signe de son affection, le Président ivoirien a tenu à s’associer à l’hommage du Rhdp à l’illustre disparu. AGC, candidat du Rhdp, était aussi le numéro de la formation, en sa qualité de président du directoire. Le Parc des sports, comme souvent, a donc fait son plein de militants vêtus aux couleurs nationales à l’effigie du candidat. Ce ne fut pas pour lancer la campagne électorale, mais pour tirer le rideau sur le riche parcours de celui qui aurait pu être le Président de la République de Côte d’Ivoire dans quelques petites semaines.

Les témoignages ont été poignants. Le ministre-gouverneur Robert Beugré Mambé, les ministres Anne Ouloto Désirée, Raymonde Goudou Coffie et Ally Coulibaly, l’ambassadeur Maurice Bandama, l’ex-député Clayo Clarisse et le directeur exécutif du Rhdp Adama Bictogo ont loué la qualité de leader de celui qu’ils appelaient Le Lion.

Ils ont évoqué le « bâtisseur », « silencieux », « efficace » et « humble », « mort trop vite et trop tôt ».

« Ensemble, nous avons combattu sans crainte l’arbitraire, l’injustice et la discrimination. Ensemble, nous avons défendu dans tous les cénacles, à l’assemblée comme ailleurs, avec courage, les idées auxquelles nous croyons. Cet engagement politique sans faille nous a valu bien des déboires, des arrestations, la prison, les humiliations de toutes sortes. Fidèle parmi les fidèles, Amadou Gon Coulibaly a donné la pleine mesure de sa capacité d’homme d’État à toutes ces étapes. Il était donc tout à fait naturel que votre choix se porte sur lui », a rappelé Ally Coulibaly au Président Ouattara. A ses yeux, le défunt était « le meilleur », « le parfait continuateur » de l’œuvre du Président de la République à qui il ressemblait « trait pour trait ».

« Nous allons tous être AGC pour gagner le 31 octobre la présidentielle », a assuré la ministre Anne Ouloto, également présidente du conseil général du Cavally. Par elle et avec elle, AGC avait passé une alliance avec la région du Cavally.

« AGC n’est pas mort », a plutôt martelé Maurice Bandama pour qui Dieu a préféré accorder « un trône de prince » au Premier ministre ivoirien, à la place d’un fauteuil présidentiel. « Mort vivant, il est désormais plus grand mort que vivant », a-t-il martelé.

La dépouille du Premier ministre a quitté Abidjan dans l’après-midi pour sa ville natale de Korhogo.


Le 15/07/20 à 18:59
modifié 15/07/20 à 18:59