Sportivement : Le "fétiche" profané

L'ex-international ivoirien Didier Drogba, candidat à la présidence de la FIF, n'a eu aucun soutien des groupements d'intérêts. (DR)
L'ex-international ivoirien Didier Drogba, candidat à la présidence de la FIF, n'a eu aucun soutien des groupements d'intérêts. (DR)
L'ex-international ivoirien Didier Drogba, candidat à la présidence de la FIF, n'a eu aucun soutien des groupements d'intérêts. (DR)

Sportivement : Le "fétiche" profané

Le 15/07/20 à 10:34
modifié 15/07/20 à 10:34
L’Association des footballeurs ivoiriens (Afi) est-elle tout ce qu’il faut à Didier Drogba pour gagner l’élection à la présidence de la Fédération ivoirienne de football (Fif) ? Avouons-le, c’est gênant de voir une icône comme Didier Drogba dans une situation aussi inconfortable.

Candidat annoncé à la succession du président Sidy Diallo, Drogba a du mal à réunir les ingrédients nécessaires pour franchir le pas. Lundi, il a été royalement ignoré par l’Afi au profit d’Idriss Diallo. C’était l’une de ses dernières cartouches pour être qualifié à la compétition du 5 septembre.

L’équation était pourtant très facile à la base, puisque Didier Drogba fait partie des quatre footballeurs qui ont créé l’association, en 2009, avec Aruna Dindané, Kolo Touré et Cyrille Domoraud. Et puis, entre anciens joueurs et de surcroît partenaires en sélection nationale, le courant devait passer. Logiquement la candidature de Didier Drogba devait être portée par cette association d’athlètes. C’est ce qui est normal. Que nenni ! En lieu et place, l’opinion assiste à une sorte d’animosité qui ne dit pas son nom.

En réalité, l’on est face à un problème de fond. Les rapports entre l’icône et ses anciens partenaires en sélection nationale d’une part, et les autres anciens footballeurs du pays, d’autre part. De la relation que la star entretient avec les acteurs du sport roi dans son propre pays. Autant des joueurs de renom tels que Yaya Touré, Kolo Touré Copa Barry, Seydou Doumbia et autres sont prêts à mouiller le maillot pour lui ; ils le présentent comme un « fétiche » à protéger par les Ivoiriens, en revanche, les autres le voient comme un garçon guindé, quelqu’un qui est plutôt suffisant (Ce sont des mots qui reviennent chaque fois que vous essayez de comprendre pourquoi cette hostilité envers le garçon qui a pourtant tout donné à la nation). C’est normal que dans toute société digne de ce nom, qu’il y ait des gens qui t’aiment et d’autres pas.

Mais là où Didier Drogba a peut-être péché, c’est son rapport avec le football local. Il a certes, porté à bout de bras la sélection nationale, fait honneur au pays partout où il est passé. Didier Drogba est une légende vivante du football qui devait savoir que prendre le contrôle du football national est une autre paire de manche. Gérer les intérêts des clubs et autres groupements d’intérêt. Le football est le sport du peuple en Côte d’Ivoire, mais il est, avant tout l’affaire des clubs, des joueurs, des arbitres, des entraîneurs et des médecins du sport.

Drogba aurait dû commencer par là. Qu’a-t-il posé comme acte fort pour le football local depuis 2018 qu’il a muri son idée de succéder au président Sidy Diallo ? Drogba est passé une ou deux fois, pour voir des matches de Ligue 1 au Champroux. Il a essayé de se rapprocher d’un club comme Williamsville athletic club (Wac). Une affaire mal ficelée qui a tourné au vinaigre. Mais les autres électeurs, eux, étaient là. Pourquoi Didier Drogba ne s’est-il pas rapproché de l’Afi, qui est sa maison ?

Ce que l’on a du mal à comprendre, c’est de constater que la majorité des clubs de sa région d’origine (le Gôh) ne veulent pas entendre parler de sa candidature. Guibéroua, ville d’origine de Drogba et Ouaragahio font partie du noyau dur de l’équipe de campagne d’Idriss Diallo. C’est vrai que Fc Gagnoa et Guery Fc dont le président Joachim Koudou avait été chargé de mobiliser pour Drogba cachent encore leur jeu, mais c’est de cette grande région que sa candidature aurait dû venir. Puisque juste à côté de Gagnoa, il y a des équipes sœurs de Daloa comme Issia Wazi, le Réveil club de Daloa, Buyo Fc, Lagoké, etc.

Même si Didier Drogba obtenait le parrainage de l’Afi, il lui faudrait batailler à nouveau pour trouver trois clubs de ligue 1. Il y a longtemps que la bataille était perdue. Drogba comptait sûrement sur un coup de main de dernière minute, mais Dieu seul a notre destin en main.


Le 15/07/20 à 10:34
modifié 15/07/20 à 10:34