Amadou Gon Coulibaly: Il avait la politique dans le sang

Amadou Gon Coulibaly en visite à Korhogo, sa ville natale, après sa nomination au poste de Premier ministre.(DR)
Amadou Gon Coulibaly en visite à Korhogo, sa ville natale, après sa nomination au poste de Premier ministre.(DR)
Amadou Gon Coulibaly en visite à Korhogo, sa ville natale, après sa nomination au poste de Premier ministre.(DR)

Amadou Gon Coulibaly: Il avait la politique dans le sang

Le 12/07/20 à 20:00
modifié 12/07/20 à 20:00
Certains choisissent la politique. D’autres se découvrent un destin politique à l’occasion des circonstances. De l’ancien Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly (AGC), on dira qu’il a été plutôt choisi par la politique. La politique, c’est un héritage chez les Coulibaly, cette grande famille installée à Korhogo par le patriarche Péléforo Gbon Coulibaly depuis le XVIIIe siècle.

Et dans ce jardin fleuri des vocations politiques, on trouve toutes les essences chez les Coulibaly. Ou plutôt toutes les obédiences. La grande famille Péléforo Gbon Coulibaly intègre toutes les familles idéologiques. C’est une cartographie complète des sensibilités politiques du pays. Au risque, parfois, de petits accrochages entre les acteurs.

En 1980 déjà, des anicroches surviennent entre le neveu Gbonblé (entendez petit Gbon) et son oncle Lanciné Gon Coulibaly. Les deux fils du patriarche se disputent la mairie de Korhogo érigée en commune de plein exercice par la loi n° 78-07 du 09 janvier 1978. Le second l’emporte.

Mais lorsque vient le multipartisme dans les années 1990, petits-fils et arrières petits-fils de Péléforo Gbon Coulibaly imbibent rapidement les trois grands partis : Pdci, Fpi, Rdr (aujourd’hui Rhdp).

Le député Lanciné Gon Coulibaly quitte le Pdci pour le Fpi. Il est remplacé par l’un de ses cousins, Kassoum Coulibaly, proche d’Henri Konan Bédié du Pdci. Le transporteur Kassoum Coulibaly remportera le siège de député de Korhogo pour le compte du vieux parti. Mais en 1995, AGC, alors secrétaire national du Rdr, s’impose à ses oncles. Le Lion, comme on l’appelait, est élu député de Korhogo. Un juste retour des choses. Car Amadou Gon, le père d’AGC, fut lui-même député de 1960 à 1990.

Issa Malick Coulibaly, oncle d’AGC rejoindra, lui, le Chef de l’État d’alors, Laurent Gbagbo, comme pour contrer l’implantation à Korhogo du parti d’Alassane Ouattara, le Rdr.

A la présidentielle de 2010, Issa Malick Coulibaly est le directeur de campagne de Gbagbo. AGC dirige le régiment électoral du Républicain Alassane Ouattara. La suite est connue.

La source de cet Adn politique familial remonte au patriarche Péléforo Gbon Coulibaly, compagnon de route du premier Président de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët-Boigny.

En 1944, l’illustre chef coutumier et chef de la province Sénoufo rencontre Félix Houphouët-Boigny qui se bat contre le colon à travers le Syndicat agricole africain (Saa). Péléforo Gbon Coulibaly adhère à la création du syndicat. A l’époque, plus qu’aujourd’hui, la vie politique s’ordonne autour des autorités traditionnelles.

A preuve, un an plus tard, le soutien du peuple Sénoufo permet à Félix Houphouët-Boigny d’être élu aux élections à l’Assemblée constituante, sous la colonisation. En 1946, le patriarche de Korhogo milite au Rda, puis au Pdci-Rda. C’est désormais le solide allié du Bélier de Yamoussoukro. L’axe Yamoussoukro-Korhogo est ainsi scellé. En 1949, le tout-puissant gouverneur Péchoux échoue à détacher Péléforo Gbon Coulibaly de Félix Houphouët-Boigny.

De cette loyauté à toute épreuve, aura hérité l’arrière-petit-fils, AGC. « Que votre parole soit oui, si c’est oui, non, si c’est non », disent les Écritures. Chez les Coulibaly, être loyal jusqu’au bout semble être une religion de longue date.

Le 12/07/20 à 20:00
modifié 12/07/20 à 20:00