Décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly : Vie et fin de parcours d’un Lion

Amadou Gon Coulibaly
Amadou Gon Coulibaly
Amadou Gon Coulibaly

Décès du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly : Vie et fin de parcours d’un Lion

Le 08/07/20 à 22:21
modifié 08/07/20 à 22:21
Jour triste sur la Côte d’Ivoire, au moment où personne ne s’y attendait : la mort, hier, du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Qui Pourra donc expliquer cette survenue du néant de ce grand commis de l’Etat qui était revenu dans son pays après un séjour médical, un contrôle de deux mois en France ?

JE SUIS DE RETOUR

Le jeudi 02 juillet, à son arrivée l’aéroport, accueilli par le couple présidentiel et des membres du gouvernement, la joie des retrouvailles se lisait sur tous les visages, avec un Premier ministre requinqué, qui avait un mot à adresser à chacun de ses collaborateurs, amis et connaissances. Devant eux, il avait tenu à dire, entre autres ceci : « (...) vous imaginez, tous ici présents, le bonheur qui est le mien d’être de retour au pays, à la maison. Cela fait deux mois, depuis le 2 mai, que je suis allé à Paris pour un contrôle médical. Il a dû être approfondi avec un besoin de repos ; et, après ce contrôle et ce repos, me voilà de retour en forme ». Oui, il pétait la forme, ayant fait allègrement, à sa descente d’avion, le parcours pour saluer tous ceux et celles qui étaient à l’aéroport, ce jour-là. Au premier plan, le Chef de l’Etat et son épouse. Comment pouvait-on s’en étonner, quand on sait les relations précieuses qui existent entre les deux ? « Monsieur le Président de la République, pendant ces deux mois, vous m’avez appelé tous les jours, matin et soir, pour vous enquérir de mon état de santé, mais également pour m’informer de l’état du pays et échanger sur un certain nombre de points... Vous avez donné des instructions... Nous allons mettre en œuvre les instructions que vous avez données... Je suis de retour pour prendre ma place aux côtés du Président pour continuer l’œuvre de développement et de construction de la Côte d’Ivoire.»

INFATIGABLE TRAVAILLEUR

Hélas, un coup dur pour le Chef de l’Etat qui l’avait choisi comme candidat à la présidentielle d’octobre 2020, à l’unanimité de tous les militants du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, RHDP (« c’était le meilleur de tous »). Ils perdent à la fois, un infatigable travailleur. La preuve, à peine revenu de son séjour médical, le 02 juillet, qu’il s’était remis au travail. En recevant, entre autres, le lundi 06 juillet, dans le cadre du C2D, une délégation française et présidé. Etait-ce entêtement ? Que non ! Servir, oui servir sa nation, en ne s’accordant nul répit. En qualité de Premier ministre, premier Chef du gouvernement de la IIIème République, nommé depuis le 10 janvier 2017, et chargé aussi du Budget et du Portefeuille de l’Etat ( 10 juillet 2018), après avoir été, tour à tour, membres de plusieurs gouvernements en qualité de ministre de l’Agriculture de 2006 à 2010, ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture (mars 2003- Février 2005), ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de mars 2012 à janvier 2017).

Á ces différents titres, il avait conduit, entre autres, dans le cadre de la mobilisation des ressources sur les marchés internationaux (Eurobond), pour le financement du Plan national de développement (PND), de nombreuses missions. Avec succès ; ayant inscrit dans ses actions prioritaires, « l’appui au secteur privé, la transformation des matières premières et la bonne gestion macro-économique, pour maitriser la dette publique, l’inflation et le déficit budgétaire ». Pour tracer, sous la conduite du Chef de l’Etat, les routes qui mènent à l’émergence, en incluant dans ses actions « la réforme administrative, la dématérialisation des procédures administratives, le paiement en ligne des impôts, etc. » Que de travaux abattus, pour le bien de tous, en un jour stoppés ! « Depuis 2018, son gouvernement porte une attention particulière au social. D’où la mise en place du Programme Social du Gouvernement (PSGouv 2019-2020) pour renforcer l’accès des populations aux services de santé, d’éducation, d’eau potable, d’électricité, de pistes rurales, etc. »

UN JOUR TRISTE POUR LA NATION...

La mort inattendue de ce proche collaborateur, le « fidèle des fidèles » du Président de la République, est aussi une perte pour la nation. Qui perd là aussi un de ses brillants cadres que la Côte d’Ivoire de Félix Houphouët-Boigny a formés. Un parcours brillant d’une tête bien faite et bien pleine, sur laquelle tous ceux qui ont fait l’école avec lui, de Dabou jusqu’en Europe, et qui ont eu à travailler avec lui, ne tarissent point d’éloges. Diplômé du Centre de Hautes Etudes de la Construction (CHEC) de Paris, en 1983, classe préparatoire aux Grandes écoles au Lycée Jean Baptiste Say à Paris (1977-1979), ce brillant élève du Lycée moderne de Dabou (Bac C en 1977), achèvera ses études en décrochant, en 1982, son diplôme d’Ingénieur à l’Ecole des Travaux Publics (ETP) de Paris. Une carrière riche, pouvait commencer pour lui, de retour au pays. Il y sera, successivement, Directeur des études économiques et financières à la Direction du Contrôle des Grands Travaux (DCGTX), du temps du tout puissant Antoine Cesareo, un autre travailleur infatigable, « admis à faire valoir ses droits à la retraite ». Á l’époque même, dans les années 1990, il se murmurait que ce serait lui, le nouveau Directeur général de cette Direction stratégique pour la Côte d’Ivoire, à laquelle tenait tant le Président Félix Houphouët-Boigny. Mais, fut choisi M. Serey Eiffel, petit-fils de Jean-Eiffel, constructeur de la célèbre Tour Eiffel, en France.

S’il y fut le Directeur général-adjoint de 1994 à 1995, ce n’est guère un hasard. Et ce ne sera guère un hasard, non plus, s’il sera Conseiller technique, chargé de la Coordination et du Suivi au Cabinet d’un brillant premier Premier ministre de la République de Côte d’Ivoire du nom de Alassane Ouattara, aujourd’hui, Président de la République de Côte d’Ivoire. De là date, je peux me tromper, cette relation si forte entre Amadou Gon et le Président de la République. Ceci expliquerait-il cela ? Deux hommes brillants se sont rencontrés ! Même parmi ceux qui lui reprochent un peu trop son engagement politique, tous reconnaissent en Amadou Gon, son... défaut d’être brillant. Á chacun ses positionnements.

... ET POUR LE RHDP

Le RHDP, Rassemblement de plusieurs partis houphouétistes, perd enfin, un militant convaincu, qui avait la mission de le conduire à la magistrature suprême. Hélas, encore un autre coup dur, en effet, avec le départ vraiment inattendu de ce militant rugissant, farouche tribun, ne reculant devant rien ; ayant même défié la mort au moment où des voix mauvaises l’annonçait pour mort. Hélas ! Evacué à la Pisam, hier, victime d’un mal soudain, à une semaine presque de son retour au pays, s’achève le parcours sur terre de celui que les militants de son parti appelaient « le lion », le maire de Korhogo (2001-2018), le député à l’Assemblée nationale (1995-1999, puis depuis 2011), premier vicé-président du Rassemblement des Républicains (RDR), président du Directoire du RHDP, depuis le 11 juillet 2019, etc.

Travailleur de l’ombre, à l’ombre tour à tour de Cesareo, Serey Eiffel, et du Président de la République, le « Lion » s’est couché au moment où se dessinait, sans aucun doute, son autre aventure politique. Pour sortir vraiment de l’ombre. Le destin jaloux en a décidé autrement. Comme un bon ouvrier, il est mort à sa tâche, rivé.

COMME UN LION

Mourir dans son pays, aurait été sans doute un testament caché ! Comme un lion, il a vécu, après s’être battu contre tout, notamment les colporteurs de mauvaises nouvelles. Mais, il est revenu en forme sur sa terre, pour revoir sa mère, sa famille, sa mère patrie. Et y mourir. En Lion. La nation reconnaissante saura lui rendre les honneurs dus à son rang, à ses mérites.


Le 08/07/20 à 22:21
modifié 08/07/20 à 22:21