Bamba Tiémoko (chef du village de Kafolo): "La peur est partie"

M. Bamba, Chef de ViIlage Kafolo -Photos Poro D C
M. Bamba, Chef de ViIlage Kafolo -Photos Poro D C
M. Bamba, Chef de ViIlage Kafolo -Photos Poro D C

Bamba Tiémoko (chef du village de Kafolo): "La peur est partie"

Le 24/06/20 à 09:26
modifié 24/06/20 à 09:26
Votre village a vécu l’attaque du camp militaire qui y est installé...

"Nous avons toujours vécu dans la quiétude jusqu’à la nuit du 10 au 11 juin dernier. Une nuit terrible, d'angoisse. Aux environs de 3h du matin, nous avons entendu des coups de feu. Ça tirait fort, très fort. Personne n'osait mettre le nez dehors. On est resté dans l’angoisse, terrorisé jusqu'au matin. Même quand il a fait jour et que les armes se sont tues, nous sommes encore restés cloîtrés chez nous.

C'est quand les renforts sont arrivés que nous avons pu mettre les pieds dehors.

Les auteurs de cette attaque ont été arrêtés...

C'est un véritable soulagement. D'abord parce que ceux qui nous ont soumis à cette terrible épreuve sont hors d’état de nuire et ensuite ce sont nos enfants qu'ils ont tués. C'est vrai, les militaires tués ne sont pas originaires d'ici mais ce sont de jeunes Ivoiriens et c'est notre village qu'ils surveillaient.
Lire aussi: Après l’arrestation du chef du commando/Kafolo : soulagement et quiétude
Votre village est sous les feux des projecteurs depuis cette attaque

On se serait bien passé de cette publicité. Être connu rien qu'à cause de tels actes n'est pas glorifiant. On menait notre vie tranquillement lorsque cette attaque est survenue.

Vous avez peur aujourd'hui

Non. La peur est partie. Aujourd'hui, avec le dispositif mis en place par l'armée, on dort plus tranquillement.

Combien de kilomètres séparent Kafolo du Burkina Faso?

Par la route, la frontière est à 50 kilomètres d'ici.

Vous dites par la route, on peut aller autrement au Burkina Faso à partir d'ici ?

Oui, par les eaux. Le fleuve Comoé qui fait office de frontière naturelle entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso est à deux kilomètres d'ici. Il suffit de le traverser et vous êtes de l'autre côté.

Avez- vous des relations particulières avec vos voisins burkinabé ?

Pas vraiment. Il y a quelque cent kilomètres qui séparent le premier village du Burkina Faso et nous. Parce que la première localité burkinabé, qui dépend de la circonscription administrative de Banfora est assez éloignée de nous.

Revenons au quotidien normal du village. De quoi vit Kafalo ?

Nous vivons d'agriculture, d'élevage et de pêche. Grâce à la Comoé, on a des terres fertiles, des eaux poissonneuses et de quoi abreuver notre pâturage.

Par le passé, vous avez aussi vécu du tourisme

Oui. Nous sommes voisins du parc national de la Comoé. Une partie de nos terres intègrent ce parc grâce à qui aussi, nous vivions le safari. Il y avait ici beaucoup d'animaux appréciés par les touristes notamment les éléphants.

Le 24/06/20 à 09:26
modifié 24/06/20 à 09:26