Gbagbo et Blé Goudé devant la Cpi : Leur acquittement toujours fortement contesté

Me Paola Massida, la représentante des victimes, estime que l'acquittement de Laurent Gbagbo et Blé Goudé serait un déni des droits des victimes.
Me Paola Massida, la représentante des victimes, estime que l'acquittement de Laurent Gbagbo et Blé Goudé serait un déni des droits des victimes.
Me Paola Massida, la représentante des victimes, estime que l'acquittement de Laurent Gbagbo et Blé Goudé serait un déni des droits des victimes.

Gbagbo et Blé Goudé devant la Cpi : Leur acquittement toujours fortement contesté

Le 23/06/20 à 17:41
modifié 23/06/20 à 17:41
« Il y a eu manque d’équité. Les victimes ont eu le sentiment et continuent à avoir le sentiment qu’il n’y a pas eu d’équité ». Ces mots, Me Paola Massida, la représentante des victimes, les a à nouveau martelés devant les juges d’appel de la Cpi, à La Haye, hier. L’avocate estime que les juges de première instance n’ont pas suffisamment pris en compte la voix des victimes de la crise post-électorale ivoirienne dont les atrocités ont fait 3000 morts.

Ce deuxième jour d’audience en appel a donc été de nouveau le théâtre de feux croisés. Avec, au cœur de la dispute, l’acquittement de Laurent Gbagbo et Blé Goudé par les juges de première instance, le 15 janvier 2019.

Le conseil de la procureure Fatou Bensouda et Me Paola Massida estiment que cette décision d’acquittement est « une erreur de droit » et « un déni des droits des victimes ».

Me Gallmetzer Reinhold, substitut de la procureure, ne comprend pas pourquoi les juges de première instance ont attendu six mois avant d’apporter des justifications écrites à leur décision d’acquittement. « On ne peut prendre une décision et ensuite rédiger les constatations. Cette cour ne peut faire ça. Les affaires devant votre cour ne sont pas banales », s’est exprimé Me Gallmetzer Reinhold pour qui cette décision d’acquittement est « un patchwork ».

En face, la défense s’arc-boute sur cet acquittement, voie de salut inespérée pour ses clients.

Dov Jacob’s, l’un des avocats de l’ex-Président Laurent Gbagbo, a qualifié les arguments de l’accusation « d’écran de fumée » et de « procès d’intention », estimant que « les débats ont été contradictoires » et « équitables », dans le respect du statut de Rome.

« Ce sont les choix de la représentante des victimes de ne pas appeler des témoins, ce n’est pas la faute des juges », a dit l’avocat de Gbagbo.

Mais Fatou Bensouda met également en avant des « désaccords » qui ont persisté deux ans durant entre les juges au sujet de la règle qu’il fallait appliquer aux preuves. Un vice qui, pour la procureure, a entaché le jugement de la chambre de première instance, notamment quand elle a déclaré, en janvier 2019, que les preuves contre les accusés sont « insuffisantes » ou comportent de « graves failles ».

En 2019, en effet, les juges ont pris la décision d’acquitter l’ancien Président Laurent Gbagbo et l’ex-leader des jeunes, Charles Blé Goudé, au motif d’une « insuffisance de preuves » dans les accusations de crimes de guerre et crimes contre l’humanité qui pesaient sur eux après la crise post-électorale de 2010-2011.

Les débats aujourd’hui porteront justement sur la règle applicable aux preuves.

L’audience se déroulera en partie par visioconférence, en raison de la pandémie de coronavirus. Suivra une mise en délibéré du jugement qui pourrait durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Le 23/06/20 à 17:41
modifié 23/06/20 à 17:41