Dame Kra Akissi montrant du doigt sa maison qu’elle a été obligée d’abandonner du fait de l’avancée d'un gros trou. Photo Sébastien Kouassi
Dame Kra Akissi montrant du doigt sa maison qu’elle a été obligée d’abandonner du fait de l’avancée d'un gros trou. Photo Sébastien Kouassi
Pluies diluviennes : Des populations désemparées demandent l’aide de l’État à Abobo
La saison pluvieuse, avec son corollaire d’inondations et d’éboulements de terrains, a démarré depuis quelques semaines dans le district autonome d’Abidjan.
En dépit des nombreuses alertes du gouvernement, certaines personnes continuent de squatter les zones identifiées comme à risques. C’est le cas dans la commune d'Abobo.
Un tour à divers endroits de cette municipalité a permis à notre équipe de reportage d'en faire la constatation. Dans cette commune d’Abidjan, certaines personnes foulent aux pieds les recommandations du gouvernement leur demandant de quitter les lieux à haut risque.
Il est environ 11h30, ce mardi 23 juin 2020, lorsque nous arrivons au sous-quartier Gouro à Belleville, dans ladite commune. Où un enfant de six ans a perdu récemment la vie. Un gamin et sa mère sont en train de vider l’eau qui s'est infiltrée dans la cour après une fine pluie sur la ville.
« C’est comme ça que nous faisons après chaque pluie, sinon la cour sera inondée », déclare le môme qui nous renvoie à son géniteur, Kossounou Kouakou Salomon. « Nous sommes heureux de votre passage. Cela fait la deuxième fois que Fraternité Matin vient nous voir. J’ose croire que les autorités ivoiriennes vont nous venir en aide », lance M. Kossonou. Avant de préciser: « Il faut que l’État fasse la canalisation dans ce quartier. Cela évitera des désagréments ». A l’en croire, les difficultés de ce sous-quartier sont dus à l’assainissement.
Sonia Koré et Désirée Yodé ne disent pas le contraire. Elles sont également confrontées à d’énormes difficultés en saison de pluie, parce qu’habitant dans une maison mitoyenne à celle de M. Kossonou. « Chaque fois qu’il pleut, nous sommes obligées d’aller nous abriter chez des voisins ou à l’église et nous revenons après la pluie. Actuellement, toutes mes affaires sont trempées », déplore Sonia Koré.
Malgré les difficultés, l'inconfort et les risques dus à la pluie, elle n'envisage pas de quitter son domicile actuel. « Je veux bien m’en aller d’ici, mais les moyens financiers font défaut. Parce que quand vous trouvez une maison, l’avance et la caution sont hors de portée », se résigne-t-elle.
Toujours dans ce même quartier, dame Yao Affoué Jacqueline a vu le mur de la clôture de sa maison s’écrouler le samedi 20 juin, aux environs de 7h30. « Je rends gloire à Dieu, car j’ai failli perdre mon fils. L’eau a inondée toute la maison. Nous avons tout perdu », confie-t-elle. Avant de nous inviter à visiter son habitation afin de nous rendre compte de la véracité des faits. « Mon époux et moi voulons quitter cette maison, mais avec quels moyens ?», s’interroge t-elle. C’est pourquoi elle demande au gouvernement de leur venir en aide.
Au quartier Houphouët-Boigny, toujours à Abobo, plus connu sous le nom de désert, non loin du groupe scolaire Plaque 2, la situation est plus grave. Certaines habitations sont presque englouties par un gros trou creusé par les eaux de ruissellement.
Conscients du danger qu’ils courent en cette saison pluvieuse, des habitants ont préféré quitter les lieux. C’est le cas de Kra Akissi. « Quand mon mari a pris sa retraite, c’est là qu’il a construit cette maison. Mais à cause de ce trou, nous sommes obligés de nous abriter chez mon petit frère actuellement, le temps de trouver une solution définitive. Certains de nos bagages sont encore dans la maison », soupire-t-elle.
En revanche, d’autres ont préféré rester, confiant leur sort au Tout-Puissant. « C’est notre cour, c’est toute notre richesse. On ne peut pas partir. Nous sommes conscients du danger, mais nous n’avons nulle part où aller », ajoute Fatoumata Traoré à la suite de Kra Akissi. Qui était venue rendre visite à la première dame, sa voisine.
Fatoumata Traoré accuse la mairie d’avoir fait un mauvais travail. « Quand nous construisions cette cour, il n’y avait pas de trou. C’est la mairie qui, en faisant les caniveaux, nous a mis dans ce problème », regrette-t-elle. Des enfants insouciants s’amusent au bord de ce trou béant.
Sur la route de Pk 18, précisément entre le dépôt de la Société des transports abidjanais (Sotra) et la nouvelle gare internationale d’Abobo-Kouté, la situation n’est pas non plus reluisante. « En saison sèche, nous sommes vraiment au paradis, mais quand la saison des pluies approche, nous avons la peur au ventre », déclare un riverain sous le couvert de l’anonymat. « Quand il pleut abondamment, nous sommes souvent obligés de veiller afin de parer à toute éventualité », confesse-t-il attristé.