Faire rentrer les exilés burkinabè au Faso : Le nouveau combat de Safiatou Lopez Zongo

Safiatou Lopez Zongo (au centre) justifie son action en terre ivoirienne par l’excellence des relations unissant les deux pays
Safiatou Lopez Zongo (au centre) justifie son action en terre ivoirienne par l’excellence des relations unissant les deux pays
Safiatou Lopez Zongo (au centre) justifie son action en terre ivoirienne par l’excellence des relations unissant les deux pays

Faire rentrer les exilés burkinabè au Faso : Le nouveau combat de Safiatou Lopez Zongo

Le 19/06/20 à 18:55
modifié 19/06/20 à 18:55
Elle n’a rien perdu ni de sa verve oratoire ni de son courage et de ce punch déterminé qui firent d’elle une figure de proue de l’insurrection qui emporta, en 2014, le régime de Blaise Compaoré.

Six années et bien de péripéties après cet événement mémorable, Safiatou Lopez Zongo est de retour. Cette fois, la présidente d’honneur du cadre de concertation nationale de la société civile n’est pas au front pour faire tomber un gouvernement, mais en première ligne d’un nouveau combat que même ses plus coriaces contempteurs n’imaginaient pas qu’elle puisse mener : le combat pour la cohésion sociale et la réconciliation nationale au Burkina Faso.

Son aventure personnelle avec le régime ayant succédé à celui de Blaise Compaoré, teintée d’amertume et marquée notamment par son arrestation de la fin août 2019 digne des films hollywoodiens et son incarcération pour « complot et aide à l’évasion » de prisonniers militaires, aurait pu lui dicter un cheminement contraire. Mais, elle soutient avoir tait toute rancœur, au point de devenir, aujourd’hui, un pèlerin de la réconciliation nationale et du dialogue inclusif, pour ramener la paix et la cohésion sociale au Burkina.

Ce nouveau combat l’a conduit en Côte d’Ivoire, où se sont exilés nombre de dignitaires de l’ancien régime déchu, et de Burkinabè moins connus. Son objectif : convaincre les exilés, quel que soit le motif les ayant conduits sur ce chemin, de rentrer au Burkina, pour prendre part à un dialogue national inclusif qui permettrait de préserver l’unité nationale et la paix communautaire actuellement mises à mal par le terrorisme. Face à la presse, hier, à Abidjan, la nouvelle combattante de la paix et de la réconciliation est revenue sur les raisons l’ayant conduite à créer le mouvement pour le plaidoyer, la cohésion sociale et la réconciliation nationale au Burkina Faso, sous la bannière duquel elle entreprend désormais ses actions citoyennes.

« Le Burkina Faso vit une situation sécuritaire plus que difficile, et dans un climat social très critique ; cette situation sociopolitique met en péril la paix, la stabilité, la cohésion sociale. C’est pourquoi, nous pensons que tous les Burkinabè à quelque niveau où ils se situent, doivent prendre leur responsabilité, et rechercher une solution à cette crise », a-t-elle commencé. Avant d’exprimer ses attentes : « exposer cette situation du pays à nos compatriotes qui vivent en Côte d’Ivoire depuis la survenue des différentes crises que le Burkina a connues et demander surtout l’implication des autorités ivoiriennes ».

« La crise que vit le Burkina Faso se traduit par un ensemble de facteurs, qui imposent l’urgence d’engager un processus de réconciliation nationale inclusive et sincère. C’est dans le souci de voir tous les Burkinabè se parler et se réconcilier, que nous avons initié ce mouvement pour apporter notre part de contribution à la réussite de la réconciliation nationale (...). C’est pourquoi, notre mouvement appelle à un dialogue national inclusif sur la réconciliation nationale, afin de définir ensemble le processus consensuel, pour arriver à cette cohésion sociale, permettant ainsi de solder définitivement le passif de tous les crimes politiques et économiques ».

La combattante de la liberté et de la réconciliation inter-burkinabè justifie son action en terre ivoirienne par l’excellence des relations unissant les deux pays et les deux peuples matérialisée par un Traité d’amitié et de coopération favorisant des rencontres fraternelles et des conseils ministériels conjoints institutionnalisés. C’est sur ce socle que Mme Lopez Zongo fonde ses espoirs de bon aboutissement de son initiative de paix. « Notre mouvement souhaite l’implication des autorités ivoiriennes, tant auprès des Burkinabè exilés en Côte d’Ivoire, qu’auprès de nos autorités, pour leur retour paisible et volontaire dans leur pays d’origine. La Côte d’Ivoire a une certaine expérience dans ce domaine, puisque de nombreux exilés ivoiriens ont rejoint leur pays d’origine, et participent à leur manière au développement de leur pays ».

Alors que certains exilés sont sous le coup de procédures judiciaires achevées ou latentes, et pourraient être arrêtés à leur retour au Faso, Mme Lopez Zongo s’est voulu rassurante : « Si quelqu’un est innocent, il sera innocenté par la justice. Mais celui qui n’a rien à se reprocher n’a rien à craindre. Nous ne prônons pas la disparition de la justice. Ce que nous souhaitons, c’est une justice transitionnelle qui favorise le pardon et la réconciliation, au nom de l’intérêt général du Faso », a-t-elle clarifié.

Nous avons rencontré d’anciens ministres du précédent régime vivant en Côte d’Ivoire. Nous avons échangé pendant six heures. Chacun a dit ce qu’il avait sur le cœur. Chacun avait une histoire à raconter. Je leur ai raconté la mienne, celle d’une figure de la société civile qui s’est battue pour les libertés, et qui a été incarcérée par le régime qui a succédé à celui de Compaoré, sans oublier les entraves qui ont été dressées sur mon chemin de femme d’affaires, pour empêcher mes chantiers de progresser. Mais, je leur ai aussi dit que nous devons taire nos rancoeurs, nos haines, et aider le Burkina à se relever. Nous nous sommes compris, et chacun s’est dit prêt à s’engager sur cette voie ».

En attendant qu’une date soit fixée pour ce dialogue national inclusif désormais attendu de nombre de leaders politiques et associatifs, Mme Lopez Zongo sonne le rassemblement pour le retour de tous dans la mère patrie : « Nous demandons à nos frères et sœurs de rejoindre la mère patrie ; le pays les attend, le pays a besoin d’eux. C’est dans l’union de tous que le Burkina Faso pourra faire face à ses redoutables ennemis, dont le but ultime est de s’emparer de notre pays. Ensemble, nous pourrons surmonter toutes nos difficultés ».


Le 19/06/20 à 18:55
modifié 19/06/20 à 18:55