
Joshua Setipa est le Directeur général de la Banque de technologies des Nations Unies pour les pays les moins avancés
Joshua Setipa est le Directeur général de la Banque de technologies des Nations Unies pour les pays les moins avancés
Covid-19: La production locale, une solution aux pénuries de matériel essentiel pour lutter contre les pandémies ?
Avec la crise du nouveau coronavirus, c’est le caractère excessivement inégal de la répartition des équipements médicaux vitaux à travers le monde qui a été mis au jour. Les respirateurs sont un instrument essentiel dans le traitement des maladies respiratoires, y compris les cas graves de COVID-19 ; on dénombre pourtant moins de 2 000 respirateurs à disposition dans 41 pays d’Afrique, censés pouvoir desservir plusieurs centaines de millions de personnes.
Dans cet article, Joshua Setipa, le directeur général de la Banque de technologies des Nations Unies, explique comment le Partenariat pour l’accès à la technologie (TAP), une nouvelle initiative pour répondre au Covid-19, peut aider à résoudre les pénuries mondiales de matériaux essentiels comme les équipements de protection individuelle, les respirateurs, ou les tests de diagnostic. Lancé le 12 mai, TAP cherche à augmenter la production locale d’outils de santé critiques dans les pays en développement.
Une récente enquête du New York Times a révélé l’absence totale de respirateurs dans dix pays africains. Des masques et des gants jusqu’aux kits et matériels de diagnostic, des nations déjà vulnérables ne disposent pas des équipements adéquats, et ce même dans des circonstances « ordinaires ».
Aujourd’hui, la pandémie ne fait qu’exacerber un problème grave qui n’a rien de nouveau, en brisant les chaînes d’approvisionnement et en encourageant ceux qui en ont les moyens à constituer des réserves. Les pays qui n’ont pas suffisamment de poids ou de moyens pour s’assurer des commandes de dispositifs de protection, de tests de diagnostic et de dispositifs médicaux ne peuvent apporter qu’une réponse très limitée à cette pandémie. Les systèmes de santé déjà fragiles se retrouvent rapidement submergés, obligeant des millions de personnes à choisir entre risquer une contamination au coronavirus ou renoncer aux soins pour d’autres problèmes de santé graves.
Cette terrible situation offre une occasion inédite de renforcer les capacités de production locale dans le monde en développement, permettant ainsi aux états de s’assurer que leurs populations disposent de l’équipement nécessaire. Une telle démarche permettra non seulement d’appuyer la riposte immédiate à cette pandémie, mais aussi d’établir des chaînes d’approvisionnement et des systèmes de santé plus résilients.
La production locale d’équipements essentiels dans certains pays en développement - notamment en ce qui concerne les équipements de protection individuelle, les tests de diagnostic et autres dispositifs médicaux - est actuellement très limitée en raison du manque d’accès à l’information, du déficit d’expertise technique et de l’absence de directives réglementaires. Les pays sont beaucoup trop dépendants des chaînes d’approvisionnement internationales pour ces produits, ce qui peut créer des problèmes lorsque la demande mondiale est en hausse et que les stocks sont limités.
Face à la COVID-19, les secteurs public et privé doivent faire front commun pour apporter une expertise et une technologie déterminantes qui permettront aux pays en développement de développer leurs propres capacités de production. L’économie mondiale ne pourra se redresser pleinement tant que tous les pays n’auront pas identifié et pris en charge les personnes contaminées par le virus – ce qui confirme qu’il n’y a pas de choix binaire à faire entre la vie des populations d’une part, et leurs moyens d’existence d’autre part. Pour remettre l’économie mondiale sur les rails, nous n’avons d’autre possibilité que de renforcer l’unité, partager les connaissances et la technologie et faire en sorte, ensemble, de ralentir la propagation du virus tout en accélérant la recherche et le développement de diagnostics, de traitements et de vaccins.
De tels efforts sont déjà déployés çà et là. L’entreprise de technologie médicale Medtronic a récemment annoncé qu’elle s’apprêtait à rendre publics, et gratuitement, les spécifications techniques ainsi que les manuels de production relatifs à l’un de ses respirateurs. D’autres innovateurs publiques et privés se sont engagés dans des modèles d’innovation ouverte et ont promis de partager leurs connaissances et technologies. Toutefois, une coordination mondiale appropriée s’impose afin d’en maximiser l’incidence potentielle – à court comme à long terme.
Tel est l’élément moteur du Partenariat pour l’accès à la technologie (TAP), une nouvelle plateforme établie par la Banque de technologies des Nations Unies, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement, l’Organisation mondiale de la Santé, et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. TAP entend mettre en relation innovateurs mondiaux, fabricants, universités, et autres avec les fabricants locaux des pays en développement, en vue de partager des données et des connaissances, des spécifications techniques et d’autres informations et mécanismes de soutien pertinents. Créée en 2016 par l’Assemblée générale des Nations Unies et dotée d’un mandat spécifique visant à renforcer les capacités scientifiques, technologiques et d’innovation des pays les moins avancés, la Banque de technologies des Nations Unies et ses partenaires clés offrent une nouvelle solution pour contourner les obstacles et garantir l’accès de ceux qui en ont le plus besoin à des technologies de qualité dans le domaine de la santé.
Pour que les pays et les entreprises locales puissent tirer le meilleur parti de la technologie ainsi mise à disposition, l’obtention d’un appui financier reste toutefois encore à assurer. À l’avenir, le nouveau partenariat entend permettre aux fabricants des pays en développement de mobiliser les financements nécessaires en vue de redéfinir et intensifier la production locale, au travers de collaborations avec des institutions financières internationales.
Face à une pandémie mondiale, nous avons tous un rôle à jouer. Le Partenariat pour l’accès à la technologie ne portera ses fruits que si les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les partenaires du développement jouent leur rôle afin de remédier aux graves pénuries de fournitures et d’équipement.
Au tournant du siècle, confrontés aux décès potentiels de millions de personnes séropositives privées d’accès aux antirétroviraux, des militants à travers le monde ont poussé les gouvernements à placer les vies humaines au-dessus des profits. Avec la contribution des fabricants génériques dans les pays du Sud, des versions génériques d’antirétroviraux ont été produites en masse et l’on estime que plus de 10 millions de vies ont ainsi été sauvées.
Nous sommes une fois de plus à un moment où la santé de la planète tout entière nous impose de veiller à garantir l’accès des populations à des technologies vitales dans le domaine de la santé, des masques jusqu’aux respirateurs, en passant par les tests de dépistage. Cette crise sans précédent exige une réponse tout aussi exceptionnelle, unissant les secteurs et permettant aux pays les plus pauvres du monde de renforcer leurs propres capacités, les rendant ainsi plus forts et plus résilients — aujourd’hui et à l’avenir.
La route du redressement sera longue et semée d’embûches. Mais nous savons que pour y parvenir, c’est ensemble que nous devons avancer. En faisant front commun dès à présent, nous pouvons nous attaquer aux goulots d’étranglement systémiques qui empêchent les communautés les plus pauvres et les plus marginalisées d’accéder à des technologies vitales dans le domaine de la santé et les doter des outils dont elles ont besoin pour bâtir un avenir meilleur.
Un édito de Joshua Setipa est le Directeur général de la Banque de technologies des Nations Unies pour les pays les moins avancés
Aujourd’hui, la pandémie ne fait qu’exacerber un problème grave qui n’a rien de nouveau, en brisant les chaînes d’approvisionnement et en encourageant ceux qui en ont les moyens à constituer des réserves. Les pays qui n’ont pas suffisamment de poids ou de moyens pour s’assurer des commandes de dispositifs de protection, de tests de diagnostic et de dispositifs médicaux ne peuvent apporter qu’une réponse très limitée à cette pandémie. Les systèmes de santé déjà fragiles se retrouvent rapidement submergés, obligeant des millions de personnes à choisir entre risquer une contamination au coronavirus ou renoncer aux soins pour d’autres problèmes de santé graves.
Cette terrible situation offre une occasion inédite de renforcer les capacités de production locale dans le monde en développement, permettant ainsi aux états de s’assurer que leurs populations disposent de l’équipement nécessaire. Une telle démarche permettra non seulement d’appuyer la riposte immédiate à cette pandémie, mais aussi d’établir des chaînes d’approvisionnement et des systèmes de santé plus résilients.
La production locale d’équipements essentiels dans certains pays en développement - notamment en ce qui concerne les équipements de protection individuelle, les tests de diagnostic et autres dispositifs médicaux - est actuellement très limitée en raison du manque d’accès à l’information, du déficit d’expertise technique et de l’absence de directives réglementaires. Les pays sont beaucoup trop dépendants des chaînes d’approvisionnement internationales pour ces produits, ce qui peut créer des problèmes lorsque la demande mondiale est en hausse et que les stocks sont limités.
Face à la COVID-19, les secteurs public et privé doivent faire front commun pour apporter une expertise et une technologie déterminantes qui permettront aux pays en développement de développer leurs propres capacités de production. L’économie mondiale ne pourra se redresser pleinement tant que tous les pays n’auront pas identifié et pris en charge les personnes contaminées par le virus – ce qui confirme qu’il n’y a pas de choix binaire à faire entre la vie des populations d’une part, et leurs moyens d’existence d’autre part. Pour remettre l’économie mondiale sur les rails, nous n’avons d’autre possibilité que de renforcer l’unité, partager les connaissances et la technologie et faire en sorte, ensemble, de ralentir la propagation du virus tout en accélérant la recherche et le développement de diagnostics, de traitements et de vaccins.
De tels efforts sont déjà déployés çà et là. L’entreprise de technologie médicale Medtronic a récemment annoncé qu’elle s’apprêtait à rendre publics, et gratuitement, les spécifications techniques ainsi que les manuels de production relatifs à l’un de ses respirateurs. D’autres innovateurs publiques et privés se sont engagés dans des modèles d’innovation ouverte et ont promis de partager leurs connaissances et technologies. Toutefois, une coordination mondiale appropriée s’impose afin d’en maximiser l’incidence potentielle – à court comme à long terme.
Tel est l’élément moteur du Partenariat pour l’accès à la technologie (TAP), une nouvelle plateforme établie par la Banque de technologies des Nations Unies, avec le soutien du Programme des Nations Unies pour le développement, l’Organisation mondiale de la Santé, et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. TAP entend mettre en relation innovateurs mondiaux, fabricants, universités, et autres avec les fabricants locaux des pays en développement, en vue de partager des données et des connaissances, des spécifications techniques et d’autres informations et mécanismes de soutien pertinents. Créée en 2016 par l’Assemblée générale des Nations Unies et dotée d’un mandat spécifique visant à renforcer les capacités scientifiques, technologiques et d’innovation des pays les moins avancés, la Banque de technologies des Nations Unies et ses partenaires clés offrent une nouvelle solution pour contourner les obstacles et garantir l’accès de ceux qui en ont le plus besoin à des technologies de qualité dans le domaine de la santé.
Pour que les pays et les entreprises locales puissent tirer le meilleur parti de la technologie ainsi mise à disposition, l’obtention d’un appui financier reste toutefois encore à assurer. À l’avenir, le nouveau partenariat entend permettre aux fabricants des pays en développement de mobiliser les financements nécessaires en vue de redéfinir et intensifier la production locale, au travers de collaborations avec des institutions financières internationales.
Face à une pandémie mondiale, nous avons tous un rôle à jouer. Le Partenariat pour l’accès à la technologie ne portera ses fruits que si les gouvernements, le secteur privé, la société civile et les partenaires du développement jouent leur rôle afin de remédier aux graves pénuries de fournitures et d’équipement.
Au tournant du siècle, confrontés aux décès potentiels de millions de personnes séropositives privées d’accès aux antirétroviraux, des militants à travers le monde ont poussé les gouvernements à placer les vies humaines au-dessus des profits. Avec la contribution des fabricants génériques dans les pays du Sud, des versions génériques d’antirétroviraux ont été produites en masse et l’on estime que plus de 10 millions de vies ont ainsi été sauvées.
Nous sommes une fois de plus à un moment où la santé de la planète tout entière nous impose de veiller à garantir l’accès des populations à des technologies vitales dans le domaine de la santé, des masques jusqu’aux respirateurs, en passant par les tests de dépistage. Cette crise sans précédent exige une réponse tout aussi exceptionnelle, unissant les secteurs et permettant aux pays les plus pauvres du monde de renforcer leurs propres capacités, les rendant ainsi plus forts et plus résilients — aujourd’hui et à l’avenir.
La route du redressement sera longue et semée d’embûches. Mais nous savons que pour y parvenir, c’est ensemble que nous devons avancer. En faisant front commun dès à présent, nous pouvons nous attaquer aux goulots d’étranglement systémiques qui empêchent les communautés les plus pauvres et les plus marginalisées d’accéder à des technologies vitales dans le domaine de la santé et les doter des outils dont elles ont besoin pour bâtir un avenir meilleur.
Un édito de Joshua Setipa est le Directeur général de la Banque de technologies des Nations Unies pour les pays les moins avancés