Faman Touré, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire : « Notre souci est d’accompagner l’État à maintenir les emplois »

faman touré, président de la CCI-CI
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faman touré, président de la CCI-CI

Faman Touré, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire : « Notre souci est d’accompagner l’État à maintenir les emplois »

Le 06/05/20 à 18:31
modifié 06/05/20 à 18:31
Faman Touré, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Côte d’Ivoire.

« Notre souci est d’accompagner l’Etat à maintenir les emplois »

Les PME, fortement impactées par la crise, fondent beaucoup d’espoirs sur les fonds de soutien et de garantie créés par le gouvernement, soutient le patron de l’institution consulaire dans cette interview.

Propos recueillis par Emeline Amangoua et Valentin Mbougueng

Monsieur le Président, de quelle façon le secteur privé est-il impacté par la pandémie du Covid-19 ?

Permettez-moi tout d’abord de rappeler que l’économie ivoirienne, à l’instar de celle du monde entier, subit de plein fouet les conséquences de la propagation du Coronavirus. Les prévisions de croissance du PIB pour l’année 2020 initialement annoncées par le gouvernement sont réduites de moitié passant de 7,2% à 3,6%, dans une hypothèse optimiste où la crise prendrait fin au mois de juin, Le Fmi, pour sa part, projette à fin 2020 un taux de croissance de 2,7% situant notre économie au rang des plus résilientes en Afrique subsaharienne. Ceci étant, je dirais que le secteur privé est directement et fortement impacté par les effets des mesures sanitaires et sécuritaires prises par le gouvernement pour faire face à cette crise sanitaire. Il s’agit entre autres de l’instauration du couvre-feu sur l’étendue du territoire national, de la fermeture des frontières aériennes, maritimes et terrestres, le confinement partiel des populations du Grand Abidjan et la limitation drastique des déplacements entre Abidjan et les autres régions de l’intérieur du pays ; la réduction des horaires de travail ; la fermeture des écoles primaires, secondaires et supérieures, etc.

Quels sont les secteurs les plus touchés ?

Les secteurs économiques sont diversement impactés. Certains sont quasiment à l’arrêt notamment le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, l’éducation, le transport aérien et les services associés, l’immobilier, l’événementiel et l’industrie culturelle. Plusieurs autres secteurs font face aussi à une baisse relativement élevée de la demande, tels que les hydrocarbures, le commerce intérieur et extérieur en dehors de la grande distribution, les transports, les industries fournissant des services aux entreprises, les brasseries, l’agroalimentaire... Le secteur industriel est diversement touché avec en général des pertes sèches de marchés au niveau national et international, des difficultés d’approvisionnement en matières premières locales et importées, le renchérissement des coûts des intrants, la recherche de matière première de substitution, la réduction du temps de travail, etc. Quoique nous notons que l’impact pourrait être modéré voire minime dans certains secteurs ou sous-secteurs de l’industrie plastique, de la production de produits d’hygiène, etc.

Qu’en est-il des PME ?

Les PME, du fait de leur fragilité, paient un lourd tribut. Plusieurs parmi elles, il faut le dire, auront beaucoup de mal à survivre d’où l’espoir que nous plaçons dans la mise en œuvre du dispositif de soutien mis en place par le gouvernement, avec les fonds de soutien. Les situations que nous venons de décrire ont finalement créé des pertes sèches de marchés, de chiffre d’affaires et d’exploitation du fait du ralentissement et de l’arrêt brutal des activités ; des difficultés de trésorerie et de financement; des difficultés d’approvisionnement et même d’organisation de la distribution des produits fabriqués; des plans de réduction des effectifs dans les entreprises, voire de libération du personnel avec ou sans salaire; l’absence de visibilité sur les perspectives économiques.

Que peut faire la Chambre dans un tel contexte?

Notre souci, aujourd’hui, en tant qu’institution représentant le secteur privé, est d’accompagner l’Etat à soutenir l’outil de production, à maintenir les emplois, à assurer une reprise rapide des activités économiques post-crise et à apporter un soutien humanitaire aux populations défavorisées. Par conséquent, un comité de crise Covid-19 est mis en place au sein de la CCI-CI et travaille à rendre opérationnelles nos propositions de relance dès la sortie de crise.

Le 06/05/20 à 18:31
modifié 06/05/20 à 18:31