Marché de nuit et coronavirus: Le cache-nez disparaît le soir






Ici, au marché de nuit de la Palmeraie, aucune attention aux mesures barrières contre le Covid-19.  (PHOTOS : Sébastien Kouassi)
Ici, au marché de nuit de la Palmeraie, aucune attention aux mesures barrières contre le Covid-19. (PHOTOS : Sébastien Kouassi)
Ici, au marché de nuit de la Palmeraie, aucune attention aux mesures barrières contre le Covid-19. (PHOTOS : Sébastien Kouassi)

Marché de nuit et coronavirus: Le cache-nez disparaît le soir

Le 05/05/20 à 08:29
modifié 05/05/20 à 08:29
Si le cache-nez est porté de façon générale dans les rues et même dans les transports dans la journée, il ne semble pas systématique les soirs et la nuit à certains endroits. Tel est le constat fait chez les commerçants et clients du marché du soir, au carrefour de la Palmeraie à la Riviera III et sites alentours. Ce samedi 25 avril, le carrefour grouille de monde. Il est 17h30, l’heure de pointe. Les mouvements humains sont plus denses de part et d’autre du carrefour avec ceux qui traversent les voies pour le quartier Palmeraie ou les autres qui convergent vers Bingerville, ou encore les piétons allant dans des sens contraires. Les klaxons de taxis communaux (woro-woro) se font entendre également, comme pour marquer leur territoire. Car, à ce carrefour, l’on trouve plusieurs destinations à l’intérieur de Cocody, comme à l’extérieur de la commune. On peut donc rallier de l’intérieur, entre autres, « les Rosiers », « Marie-Rose Guiraud », « St Viateur », et de l’extérieur, des communes comme le Plateau et Yopougon.

Les commerçants de friperie, chaussures comme vêtements, s’installent. D’autres ont fini de déballer leurs marchandises sur des bâches noires. Ce carrefour se caractérise aussi par ces vendeurs du soir depuis des années, qui ont pour habitude de héler les clients. « La go choco, approche. Viens voir les nouveautés », crie Serges, devant la banque où il s’installe les soirs depuis plusieurs années. Il ne porte pas de cache-nez, de même que la jeune fille devant lui qui s’incline pour admirer les chaussures, constituées d’escarpins et de ballerines. La distanciation sociale n’est pas respectée non plus. A la question de savoir pourquoi ils ne sont pas protégés, Serges sort son tissu de sa poche et le présente. « Maman, le voici ». La jeune fille joue plutôt l’étonnée et nous jette un regard en signe d’agacement. Le voisin de Serge expose pratiquement les mêmes marchandises. Les prix plafonnent à 10 000 FCFA, ils peuvent pour dégringoler jusqu’à 4000 FCFA si le client marchande bien. Lui non plus ne porte pas de masque, de même les deux curieux qui veulent en savoir davantage sur la qualité de ses marchandises. Plus « courageux », l’un d’eux, Jacquou, confie ne pas porter le masque « parce qu’on étouffe », mais assure qu’il en possède. « Ne t’en fais pas maman, nous en avons », rassure-t-il en brandissant son tissu.

Cache-nez dans la pocheQue savent-ils du Coronavirus ? Apparemment bien informés, ils répondent qu’il s’agit d’une maladie très dangereuse qui fait des milliers de victimes dans le monde entier. Et les mesures barrières ? « La récitation » est bien rendue avec ces deux orateurs qui relèvent qu’il faut se protéger en se lavant régulièrement les mains à l’eau et au savon, en utilisant le gel hydroalcoolique et en portant un masque, etc.

De l’autre côté du carrefour, sur la place occupée par les vendeurs de vêtements, le sort réservé au cache-nez n’est pas meilleur. En clair, on ne le porte pas. « Maman, viens voir les robes. C’est moins cher. Fais ton choix », lance Prisca. Sa sœur Nina renchérit. « Tu vois, nos articles portent encore les étiquettes », dit-elle, en les présentant. Tout ce baratin est déroulé sans protection, avec les mêmes raisons à la bouche. « J’ai mon cache-nez. Il est dans mon sac ». Déscolarisée depuis la classe de 6ème, la jeune fille se livre à ce commerce avec sa sœur pour gagner leur pitance. Assise sous les parasols des deux vendeuses, Josée, visiblement une habituée, essaie des chemisiers. Son visage est aussi nu que ceux des autres clients devant l’étal du vendeur de baskets. « J’ai enlevé momentanément mon masque parce que j’ai transpiré. Je le remettrai demain après l’avoir lavé. De toute façon, il fait presque nuit », dit-elle avec un naturel surprenant. La nuit commence effectivement à tomber. Bien que les marchandises soient moins distinctes du fait de l’obscurité, le commerce se poursuit avec les mêmes risques.

Marceline Gneproust

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#accroche

Porté de façon générale, le cache-nez semble facultatif au marché du soir.

Le 05/05/20 à 08:29
modifié 05/05/20 à 08:29