Covid-19 et essais thérapeutiques : l’Oms, l’Occident et les Africains

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Covid-19 et essais thérapeutiques : l’Oms, l’Occident et les Africains

C’est vrai qu’il faut beaucoup de prudence à nos tradipraticiens quand ils doivent donner des conclusions de leurs travaux de recherche car ne « respectant » pas souvent l’entièreté des démarches scientifiques occidentales requises en la matière. Mais une recherche scientifique, en l’occurrence un essai thérapeutique, doit il obéir strictement aux règles de l’Occident pour qu’il soit opérationnel ? Je dis non.

Non parce que la conduite d’un essai thérapeutique n’est pas rigide. Elle prend en compte le contexte communautaire (contexte socio-anthropologique) dans les pays sous-développés en général. Ce qui n’est pas le cas des études dans les pays occidentaux. Est-ce pour autant qu’il faut dire que l’essai thérapeutique des pays occidentaux n’est pas valable ? Non, au contraire il est valable.

Toujours dans la conduite d’un essai thérapeutique, une variable est à considérer : la taille de l’échantillon sur lequel on souhaite expérimenter le traitement. Dans l’étude malgache, l’argument qui ressort le plus souvent est que le produit a été testé sur un nombre très limité de personnes et que de ce fait les résultats ne seront pas probants. Il faut rappeler que les résultats du Pr Raoult ont été initialement réalisés sur seulement 24 personnes, mais cela n’a pas empêché le protocole de produire des effets qualifiés relativement de miracle.

Quelques voix se sont élevées çà et là pour dénoncer et contester son protocole mais n’ont pas pu produire d’autres traitements pouvant avoir des effets plus efficaces que celui du Pr Raoult.

Le but d’un essai thérapeutique est d’évaluer la tolérance ou l’efficacité d’un traitement ou d’une stratégie thérapeutique. Et évaluer, c’est comparer, c’est-à-dire vérifier si le nouveau médicament est meilleur que rien ou qu’un autre médicament ?

L’essai malgache répond bien à la première hypothèse : est-ce que le nouveau médicament à base d’ARTEMISIA est meilleur que rien ? C’est oui, à partir du moment où il n’y a aucun protocole local proposé pour le moment pour faire face à l’épidémie dans ce pays.

L’Oms connait bien cette démarche scientifique dans le cadre des essais thérapeutiques. La question est de savoir pourquoi fait-elle semblant de l’ignorer quand il s’agit d’essais thérapeutiques réalisés par les africains, sur le continent africain ?

Pourquoi ne pas encourager toutes les initiatives, surtout africaines, afin de maximiser les chances de venir à bout le plus rapidement possible de ce dangereux virus ?

Pourquoi l’Occident et l’Oms doivent toujours penser que la raison est forcément « Hélène » et l’émotion est spécifiquement « nègre » ?

L’OMS affirme que l’ARTEMISIA contient une molécule qui est très efficace dans le traitement du paludisme et qu’il ne faille pas la « bousiller » en l’utilisant dans la prévention du Covid-19. C’est juste comme assertion. Mais face à l’urgence sanitaire, si cette même molécule peut s’avérer efficace pour rompre la chaîne de contamination, restaurer l’état de santé de ceux qui sont infectés et réduire le taux de mortalité dû au Covid-19, pourquoi ne pas l’essayer vu qu’aucun protocole n’est encore validé de façon universelle pour un usage massif ?

Dr Komena Auguste Éric

Médecin-spécialiste en santé publique et médecine communautaire

Diplômé de l’école de santé publique de l’université libre de Bruxelles

Conseiller technique qualité des services du paludisme

PROJET IMPACT-MALARIA/PMI à PSI-CI