Albert Flindé : ‘’Gon Coulibaly a les capacités humaines, intellectuelles, professionnelles et politiques pour réussir’’

Flindé 1
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Albert Flindé : ‘’Gon Coulibaly a les capacités humaines, intellectuelles, professionnelles et politiques pour réussir’’

Le 20/04/20 à 17:22
modifié 20/04/20 à 17:22
Le 10 avril dernier, dans une note, le président de l’Udpci, Albert Toikeusse Mabri, a réaménagé la direction de votre parti politique dans laquelle certains vice-présidents et vous ne figurez plus. Comment vivez-vous cette éviction depuis ce jour ?
Je ne vis pas cette situation d’une manière particulière puisque je ne me sens ni concerné par une quelconque éviction, ni en émoi. Pour moi, l’Udpci fait partie du passé et aujourd’hui, je suis militant d’un seul parti politique, le Rhdp. Je considère donc ce pseudo remaniement d’une instance fantôme dont les gens parlent comme un non-événement et je me sens parfaitement bien.


D’ailleurs, depuis 2018, je n’ai plus participé aux activités de la défunte formation politique.

Donc parler d’éviction, c’est, à mon sens, contradictoire parce que pour qu’on qualifie l’acte de Toikeusse Mabri comme tel, il faut s’interroger sur l’existence de l'Udpci et de l’instance en question que je considère fondues dans le Rhdp. Il en conscient. C’est pourquoi il a convoqué cette direction partielle qui ne vaut que par quelques individus. C’est une tricherie.
Pourquoi les vice-présidents évincés et vous n’avez-vous pas engagé d’action civile et même judiciaire pour vous opposer à cette décision ?
Nous ne saurions nous opposer à une décision vide de sens, nulle et de nul effet ! Je viens de dire que je ne me sens pas visé par une quelconque éviction. Et puis, si cela était réel et que l’Udpci vivait encore, cela aurait été une décision autonome d’un président de parti qui a la prérogative de s’entourer de collaborateurs de son choix. Nous ne sommes plus dans un tel schéma, la présumée décision d’Albert Toikeusse Mabri relevant d’une simple forfaiture.


Cependant, si "action civile" s’entend par actions politiques, nous l’avons déjà fait en dénonçant cette forfaiture du 10 avril de Toikeusse Mabri. C’était lors du point-presse que j’ai animé le 14 avril dernier, en compagnie des cadres supposés évincés, les vice-présidents Bernard Ouréga et Yao Kouadio dit "Yao Rea" et les adjoints aux maires des communes de Yopougon et d’Abobo, tous issus de l’ex-Udpci.
A chacune de vos sorties, depuis un moment, vous n’hésitez pas à vous attaquer au président de l’Udpci. Que lui reprochez-vous ?
Président de quelle Udpci? Voulez-vous parler du 2e vice-président du Rhdp ? En tout état de cause, je ne m’attaque pas à l’individu Mabri, mais à une attitude qui va impacter négativement les militants et les populations d’une région entière qui peuvent être désorientés et donc qui va contre les intérêts du Rhdp.


Je vous donne une série de métaphores. Chez nous, en pays dan, on dit que le crabe n’a ni membres droits, ni membres gauches. C’est pour cela qu’il se déplace en se balançant sans cohérence dans des directions éparses.

Mais l’être humain, lui, même s’il a la possibilité d’utiliser les deux côtés symétriques de ses membres, ne peut le faire simultanément dans certaines actions. Il doit opérer un choix. Par exemple, en mangeant, il ne peut porter la nourriture à la bouche qu’avec l’une des mains, pas les deux à la fois.

De même, un attaquant de football peut jouer des deux pieds. Mais au moment de marquer un but, il détermine celui à utiliser pour l’action.

Je reproche à Mabri son hermaphrodisme politique avec le Rhdp.

Il s’agit de quoi ? L’ambiguïté politique, le double jeu de Toikeusse Mabri est perfide. Et je l’ai dénoncé très tôt, depuis près d’un an maintenant, lors d’un meeting à Man, le 3 mai 2019. A ce moment-là, on me comprenait difficilement.
D’aucuns disent que vos dissensions avec Albert Toikeusse Mabri résultent d’un problème de leadership ou de positionnement dans la région du Tonkpi. Que répondez-vous à cela ?
En quoi dire la vérité sur cette attitude d’Albert Toikeusse Mabri constitue-il un conflit de leadership ? Entre lui et moi, je ne vois aucun problème de leadership ni de positionnement. Je suis pour que nous, les cadres du Tonkpi, nous nous mettions ensemble pour apporter le développement à nos parents. Ce développement, il faut aller le chercher d’une seule voix avec celui qui en est le dépositaire : l’État de Côte d’Ivoire, dont la gestion du pouvoir est assurée par le Rhdp. Mabri n’est ni dans la même logique, ni dans la même dynamique.


C’est ce qui m’oppose à lui. Et cela nécessite de rompre avec cet individualisme qui monopolise le destin de notre région entre les mains d’une seule personne.
5-Des observateurs de la scène politique racontent qu’Albert Toikeusse Mabri demeure le leader incontesté de la région du Tonkpi. Partagez-vous leur avis ?
Heureusement que cela ne fait que se raconter ! Ce sont des fantasmes, c’est un mythe d’un autre âge ! C’est une illusion qu’il entretient dans son propre esprit et dans celui de ses partisans. On ne s’autoproclame pas leader, encore moins incontesté, on le devient. Et c’est le peuple qui nous octroie ce statut par les actions que nous menons en sa faveur et par sa confiance qu’il place en nous pour parler et agir en son nom.


Analysez les résultats des dernières élections en Côte d’Ivoire. Combien d’élus Toikeusse Mabri peut-il revendiquer, quand il a décidé d’y aller en dehors du Rhdp ? Regardez les deux fois où il a été élu président du conseil régional, il l’a été sous la bannière du Rhdp. Dans le Tonkpi, on se connaît en détail.
Vous avez demandé à de hautes personnalités du parti arc-en-ciel proches d’Albert Toikeusse Mabri et membres du conseil politique du Rhdp de clarifier leurs positions. Comment ont-elles réagi ?
Effectivement, les interpellations auxquelles j’ai procédé au cours des points-presse que j’ai animés ces dernières semaines visent ceux des militants et cadres du Rhdp issus de l’ex-Udpci qui ont de hautes responsabilités dans ses organes dirigeants et qui se retrouvent en même temps dans la pseudo nouvelle direction de Toikeusse Mabri. Ce sont les membres fondateurs du Rhdp, au nombre de dix-sept, les 12 membres de son conseil politique, les deux membres de son directoire que sont Toikeusse Mabri lui-même et Madame Mahi Clarisse, les trois directeurs exécutifs adjoints que sont Famoussa Coulibaly, Blé Guirao Jean et Mlle Evelyne Kpon Tally. Il y a aussi les élus sous la bannière du Rhdp et ceux qui ont de hautes fonctions dans l’administration centrale ivoirienne grâce au parti. Qu’il s’agisse des instances du Rhdp ou de l’administration, tous ont été nommés par le Président Alassane Ouattara.
En réalité, à part quelques irréductibles, la réaction de ces hauts cadres n'est pas ce que tout le monde voit en apparence. En effet, nombreux sont ceux d’entre eux qui nous appellent ou qui nous rencontrent pour marquer leur désaccord avec cette aventure de Mabri. Ils attendent simplement que ce dernier déclare son départ du Rhdp pour l’exprimer ouvertement et se désolidariser de lui. Nous, nous avons eu juste le courage politique de le faire plus vite.


Mais je le répète, tous les cadres qui vont persister à accompagner Mabri dans ses actions contre le Rhdp et son candidat auront le même traitement de notre part.
7-Le 12 mars dernier, à la réunion du conseil politique du Rhdp à Abidjan Sofitel Hôtel Ivoire, les militants du Rhdp ont fait le consensus autour d’Amadou Gon Coulibaly pour porter les couleurs de l’alliance des Houphouétistes à l’élection présidentielle d’octobre prochain. Albert Toikeusse Mabri, contrairement à l’assistance qui s’est tenue debout pour applaudir le choix du Premier ministre, est resté assis pour manifester sa désapprobation. Des cadres de l’Udpci comme vous avez dénoncé cette attitude de votre président lors d’une conférence de presse. Comment avez-vous vécu ce moment ?
D’abord, au Rhdp, nous avons vu cela comme un acte de défiance et d’indiscipline. En démocratie, la loi de la majorité n’est certes pas celle de l’unanimité, mais elle aboutit au moins au consensus. On peut ne pas être d’accord, mais la discipline dans une organisation démocratique exige de la minorité qu’elle s’aligne sur la voix de la majorité qui s’impose dès qu’elle est acquise, comme une règle à tous ses membres.


Personnellement, en tant que cadre du Rhdp issu de l’ex-Udpci et fils du Tonkpi, j’ai vécu cela avec une profonde indignation et une grande gêne car cette attitude désinvolte de mon jeune frère Toikeusse Mabri n’honore ni notre ancienne formation politique, ni notre région.
En dépit de sa prise de position vis-à-vis du choix du candidat plébiscité du Rhdp, pourquoi Albert Toikeusse Mabri n’a-t-il pas encore pris la décision de quitter ce parti politique ?
Je crois sincèrement que c’est à Mabri qu’il faut poser cette question. Mais si vous voulez mon avis, je le connais. Il n’a jamais décidé et il ne poussera pas aussi loin son audace.

Interview réalisée par Etienne Aboua et Kanaté MamadouEtienne Aboua


Le 20/04/20 à 17:22
modifié 20/04/20 à 17:22