Lutte contre le Covid-19 : Quartiers populaires, très distants de la... distanciation

Kiosques à café continuent de faire le plein de clients à Adjamé (Photos: Julien Monsan)
Kiosques à café continuent de faire le plein de clients à Adjamé (Photos: Julien Monsan)
Kiosques à café continuent de faire le plein de clients à Adjamé (Photos: Julien Monsan)

Lutte contre le Covid-19 : Quartiers populaires, très distants de la... distanciation

Le 20/04/20 à 18:45
modifié 20/04/20 à 18:45
Les mesures adoptées par le gouvernement visant à endiguer l’épidémie du coronavirus ne sont toujours pas appliquées par bon nombre de citoyens. Dans certains quartiers populaires d’Abidjan, le constat est si frappant.

Vendredi 17 avril, nous sommes au quartier Garage au cœur de la commune d’Attecoubé, à la gare des badjan et gbaka à destination d’Abobodoumé, Locodjro et Abobo. Les attroupements sont visibles çà et là. Ici, aucun respect de la mesure de 1 m de distance entre les uns et les autres. Transporteurs, commerçants, mendiants se bousculent sur les lieux.

Quelques passants portent des cache-nez. Et pourtant, à quelques encablures de la mosquée d’Adjamé, des panneaux publicitaires invitent au respect scrupuleux des mesures sanitaires édictées par le gouvernement. Dans ce quartier, un petit lieu de restauration attire notre attention. Cet espace, un peu insalubre, ne désemplit pas. La propriétaire des lieux s’active à recevoir et servir ses clients.

A l’entrée, aucun dispositif de lavage des mains. Femmes, hommes, jeunes sans masques, rassemblés et assis les uns à côté des autres mangent, échangent, rient aux éclats comme en temps normal. Les mesures barrières, personne n'en a cure. Comme pour dire que le coronavirus, c'est pour les autres. On ne se soucie guère de la propagation du Covid-19, une maladie pourtant si contagieuse que le nombre de contaminés ne cesse de croître et dont la dangerosité force les Etats les plus puissants au monde à faire profil bas.

Fofana Ibrahim, propriétaire d’une quincaillerie située non loin de ce lieu de restauration, s’est désolé du comportement de certaines personnes qui continuent d’enfreindre les mesures du gouvernement. « C’est vrai que la maladie existe. Nous vous encourageons à sensibiliser les populations dans les médias. Elles doivent comprendre que cette maladie n’est pas du mensonge et appliquer surtout les mesures barrières édictées par les autorités », a-t-il fortement insisté, soulignant que la santé n’a pas de prix. « Cette maladie est une réalité ; elle tue. Prenons soin de notre santé. Dans mon magasin, j’ai placé un dispositif de lavage des mains et je ne reçois que 2 personnes pour les achats. Malheureusement, mon attitude n’attire pas leur attention », a-t-il ajouté.

Le respect d’une distanciation sociale d’un mètre et le port du masque ne sont toujours pas appliqués par tous.
Le respect d’une distanciation sociale d’un mètre et le port du masque ne sont toujours pas appliqués par tous.



Au quartier Attécoubé Mosquée, des habitants ont du mal à adopter les mesures de prévention. Dans une cour commune de plus de 15 portes, on essaie de respecter le lavage des mains tout en faisant fi de la distanciation sociale et du port du masque. « Nous suivons tout ce qui se dit à la télé et la radio, mais madame, croyez-moi, ce n’est pas du tout facile de respecter la distance de 1m. Nous oublions par moments, mais puisque c’est une affaire de santé, de notre santé, on fera des efforts », lâche Albert Koffi, un habitant.

Williamsville, Abobo même constat.

Après Attécoubé, notre périple nous conduit à Williamsville et Abobo. Là aussi, les mesures ne sont pas respectées à la lettre. Ici, comme dans certains quartiers d’Attecoubé, beaucoup de gens déambulent, méprisant le port du cache-nez et de la distanciation d'un mètre.

A Williasmville-Macaci, certains devisent tranquillement tandis que d’autres s’adonnent au jeu du loto bonheur. Dans l’atelier de Koné Kambiré, où nous marquons une escale, une quinzaine de personnes s’adonnent à ce jeu de hasard. Les mains chargées de documents, le visage dégoulinant de sueur, en pleine conversation avec un client, tous les deux sans casque, aucune distanciation, Koné Kambiré dit pourtant être conscient de l’existence du Covid-19.

A l’en croire, il entend prendre très bientôt des mesures pour accueillir ses clients. « Dans les jours à venir, nous leur exigerons le port du masque et le lavage des mains », a-t-il assuré. En attendant, le Covid-19 peut tranquillement étaler ses tentacules, et la veille n’est pas pour demain.



Le 20/04/20 à 18:45
modifié 20/04/20 à 18:45