Coronavirus/Transport à Abidjan: Le tarif grimpe sur certaines lignes

Pour rallier Gagnoa gare-derrière rail, il faudra désormais débourser 200 FCfa au lieu de 150 francs. (Joséphine Kouadio)
Pour rallier Gagnoa gare-derrière rail, il faudra désormais débourser 200 FCfa au lieu de 150 francs. (Joséphine Kouadio)
Pour rallier Gagnoa gare-derrière rail, il faudra désormais débourser 200 FCfa au lieu de 150 francs. (Joséphine Kouadio)

Coronavirus/Transport à Abidjan: Le tarif grimpe sur certaines lignes

Le 07/04/20 à 08:05
modifié 07/04/20 à 08:05
L'augmentation du coût du transport. C’est le scénario auquel l’on assiste depuis quelques jours sur certaines lignes de transport privé à travers le district d’Abidjan. Dans la commune d’Abobo, par exemple, cette majoration du coût du transport est observable sur trois destinations. En effet, les taxis communaux, aussi appelés wôrô wôrô, qui rallient le quartier N’Dotré, exigent désormais la somme de 300 FCfa aux clients, en lieu et place des 200 francs habituels. Ceux qui desservent le quartier Derrière rail appliquent désormais le tarif de 200 FCfa au lieu de 150 francs. Cette hausse, selon des témoins, a aussi été observée sur la ligne Abobo-Agboville. Où les minicars de transport, encore appelés gbaka, qui assurent ce trajet ont fait grimper le tarif de 1000 à 1500 FCfa. Cependant, la décision de confinement de la ville d’Abidjan a contraint cette troisième ligne à suspendre ses activités.
Le mécontentement des clients
Les clients rencontrés dans ces différentes gares ne cachent pas leur mécontentement. «Comment peut-on procéder à une augmentation du tarif alors que tout le monde croule présentement sous le poids des difficultés?», s’indigne une passagère. La dame qui vient d’effectuer ses courses au marché d’Abobo mentionne une augmentation sur le prix de nombreuses denrées. Pour elle, cette augmentation du transport vient couronner une inflation qui ne dit pas son nom, mais qui étend peu à peu ses tentacules dans de nombreux secteurs d’activité à Abidjan. A l'en croire, chacun devrait faire sa part de sacrifice face aux effets du coronavirus qui n’épargnent personne. Désemparée, elle fait le choix de ne pas emprunter ces taxis, préférant tenter d’autres options plus loin. Non sans maugréer quelques paroles dans la colère, en s’éloignant.
Le coronavirus au banc des accusés
Pour les chauffeurs de la ligne Abobo-N’Dotré interrogés, le seul coupable de cette situation, c’est le coronavirus. Selon eux, les mesures entrées en vigueur depuis le 23 mars dernier dans le secteur du transport privé ne sont pas tenables. En effet, le 22 mars dernier, le Haut conseil du patronat des entreprises de transport routier de Côte d’Ivoire, faîtière des transporteurs routiers ivoiriens, rendait publiques certaines recommandations imposables aux acteurs du secteur. Notamment, la réduction du nombre de passagers de 05 à 04, y compris le conducteur. Soit 02 passagers à l’arrière du véhicule et 01 à côté du chauffeur, pour les wôrô wôrô. Quant aux « gbaka », l’occupation des sièges du milieu est tout simplement proscrite durant cette période d’interdiction. Ces mesures ont reçu le soutien du gouvernement ivoirien. Cependant, les chauffeurs de la ligne Abobo-N’Dotré se veulent formels. «Même en appliquant cette hausse, nous ne nous en sortons pas», assurent-ils. Même son de cloche à la gare d’Abobo derrière rail où le transport est passé de 150 à 200 FCfa, soit une hausse de 50 francs. «Initialement, avec 150 francs, on obtenait 600 FCfa en faisant le plein (4 passagers). Aujourd’hui, contraint à ne prendre que 3 passagers, on se retrouve avec 450 francs», confie un chauffeur. «Nous payons 100 francs pour chaque chargement aux syndicats avant de quitter la gare. Et cet impôt n’a pas changé, en dépit du coronavirus», poursuit-il. «Ça ne marche plus. La consigne, c’est que chacun reste chez lui et limite ses déplacements. Du coup, en cours de trajet, il est de plus en plus difficile de trouver des passagers pour se renforcer », déplore-t-il. Les responsables syndicaux de la gare soutiennent, pour leur part, n’avoir pas participé à cette décision d’augmentation. «Les chauffeurs ont menacé d’arrêter le travail. Ils ont tenu une réunion de crise à la suite de laquelle ils ont décidé d’une majoration pour tenir le coup. Nous en avons pris acte», explique un responsable syndical.
Baisse du coût du carburant, faible impact
Le prix du carburant a récemment enregistré une nouvelle baisse, pour la deuxième fois consécutive en Côte d'Ivoire. Le prix du litre de l'essence super sans plomb a diminué de 625 à 595 FCfa, soit une réduction de 30 francs, tandis que le litre du gasoil a baissé de 610 à 590 FCfa, soit une baisse de 20 francs sur la période du 1er au 30 avril 2020. Mais pour les transporteurs interrogés, ces mesures ne sauraient suffire à apporter l’équilibre escompté dans leurs comptes. Le couvre-feu est la première raison évoquée. Selon eux, il réduit le temps de travail et est responsable de nombreux embouteillages dès le début d’après-midi. Les voies deviennent impraticables. Dans ce contexte, il est difficile de ressentir les effets de la baisse du coût du carburant. Par ailleurs, on apprend que la limitation du nombre de passagers n’a pas entraîné la réduction de la recette quotidienne exigée auprès des chauffeurs par leurs employeurs. «On est acculé. On a aussi une famille à nourrir et des charges. C’est vraiment compliqué», conclut un chauffeur qui assure la ligne Gagnoa gare-derrière rail.
Des efforts sont faits
Certes, des cas d’augmentation sporadique du coût du transport sont observés sur certaines lignes. Mais il faut saluer la discipline qui est globalement observée chez les acteurs du transport privé. En effet, que ce soient les wôrô wôrô, les pick-up ou les gbaka, de nombreux efforts sont faits pour se conformer aux mesures d’exploitation de leur secteur d’activité. Dans les différentes communes du district d’Abidjan, on peut, en effet, observer que la consigne de limitation du nombre de passagers est observée. Dans les gares de taxis intercommunaux, des dispositifs de lavage des mains sont installés. Et la plupart des gbaka ont procédé à la désinstallation pure et simple des sièges du milieu. C’est un comportement à saluer, quand on sait que l’indiscipline des acteurs de ce secteur a été longtemps décriée.

Le 07/04/20 à 08:05
modifié 07/04/20 à 08:05