Alain Kouadio, président de la fondation Kaydan: «Les entrepreneurs ivoiriens devront être le bras armé du gouvernement»

Alain kouadio
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Alain Kouadio, président de la fondation Kaydan: «Les entrepreneurs ivoiriens devront être le bras armé du gouvernement»

Quel rôle les entrepreneurs de Côte d’Ivoire entendent jouer dans la gestion de la crise du Covid-19 ?

Nous le savons tous, les conséquences de la crise du Covid-19 seront dévastatrices pour notre économie, ce qui nous impose donc une lutte sur deux axes : à savoir l’axe sanitaire et l’axe humanitaire. Si la lutte contre la crise sanitaire est la mission de notre gouvernement, la gestion de la crise humanitaire corrélée à cette pandémie du Covid-19 doit être de la responsabilité morale des entrepreneurs ivoiriens. Dans la répartition des rôles, les entrepreneurs ivoiriens devront donc être le bras armé de l’administration pour faire face à la crise humanitaire qui arrive à grands pas. A l’instar de bon nombre de pays, l’État de Côte d’Ivoire a dégagé un budget pour aider les entreprises à traverser cette période difficile. Si dans les pays riches, cette aide financière consiste à soutenir dans sa grande majorité les entreprises qui sont à l’arrêt, dans notre pays, ces mesures d’accompagnement devront plutôt financer en grande partie les initiatives dont le but est de continuer les activités pendant la crise du Covid-19. Notre économie ne peut pas supporter un arrêt brutal de nos entreprises, car les conséquences sur la population pourront être plus ravageuses que la pandémie elle-même.

Comment peut-on maintenir les activités sans aller à l’encontre des mesures de lutte contre la pandémie prescrites par le gouvernement ?

Si notre victoire sur la pandémie du Covid-19 est une certitude, l’incertitude vient de ce que nous ne savons pas pendant combien de temps elle sévira. Nous ne pouvons donc pas nous permettre de fermer nos entreprises pour une période indéterminée. Nous devons donc vaincre en nous cette peur de la pandémie qui nous tétanise et nous empêche de rivaliser d’ingéniosité afin de continuer nos activités. Les entreprises considérées comme essentielles (banques, établissements alimentaires, transports...) continuent leurs activités tout en respectant les mesures de lutte contre la pandémie. En Côte d’Ivoire, la notion « d’activité essentielle » est structurellement beaucoup plus large que dans les pays riches. Les mesures adoptées dans la continuité des activités dites essentielles sont transposables sur une grande majorité des activités économiques de notre pays.

Prenons l’exemple d’un salon de coiffure dames, qui en temps normal a 10 casques séparés de 50 cm les uns des autres. L’on peut imaginer un aménagement de ce salon de coiffure avec 5 casques distants chacun de 1 m avec des clientes qui ne seront admises que sur rendez-vous. Les coiffeuses ainsi que les clientes se conformeront aux règles essentielles (lavage régulier des mains, port systématique des gants et masques aussi bien par les clientes que par les coiffeuses, etc.). L’activité peut ainsi continuer. Il s’agira donc d’élaborer, en concertation avec chaque commune, un plan de continuité des entreprises par secteur d’activité.

Comment organise-t-on cette riposte ?

C’est le rôle des associations patronales. Elles doivent chacune organiser ce dispositif qui permettra à leurs adhérents de continuer leurs activités. Il s’agira d’élaborer un plan de continuité par secteur d’activité et le faire valider par les communes. Ces plans doivent impérativement et clairement indiquer les mesures contre la propagation de la pandémie.

Qu’est-ce que la fondation Kaydan a mis en place comme mesures pour répondre à la crise du Covid-19 ?

La fondation Kaydan dont la mission est de faire la promotion de la culture entrepreneuriale se propose d’assister chaque entrepreneur ivoirien, qui le souhaite, dans l’élaboration à la fois de son plan de continuité de ses activités pour traverser cette période difficile et aussi son plan de reprise dès le retour à la vie normale dans notre pays.

Pour ce faire, nous avons mis en ligne sur notre site www.fondationkaydan.org, un formulaire que chaque entrepreneur qui le souhaite va renseigner. Les réponses au questionnaire soumis dont nous assurons la stricte confidentialité, nous permettront de bien connaître leur activité dans toutes ses composantes et leur fonctionnement. En retour, nous leur ferons des propositions concrètes pour le plan de continuité dans le strict respect des consignes édictées par nos autorités. Nous nous proposons de rencontrer les communes pour leur expliquer notre démarche et étudier la possibilité de reprendre certaines activités. Reprenant le cas pratique du salon de coiffure dames, les mesures que nous avons énoncées plus haut seront présentées aux communes pour validation.

Une charte pour le respect strict de ces mesures pendant la continuité de l’activité sera signée par les entreprises désireuses de continuer leurs activités. Cette charte indiquera aussi les sanctions encourues par les contrevenants. Les agents de la mairie pourraient effectuer des visites de site afin de s’assurer que les mesures stipulées dans les plans de continuité sont applicables. Enfin, un certificat de continuité des activités pourra être délivré à l’entreprise pour une période déterminée et renouvelable. Les agents des mairies devront s’assurer du respect scrupuleux de ces mesures.

Entretien réalisé par

Amédée Assi