Émotions nègres

Un vaccin. (DR)
Un vaccin. (DR)
Un vaccin. (DR)

Émotions nègres

Le 06/04/20 à 09:01
modifié 06/04/20 à 09:01
Il y a quelques jours, lors d’un débat sur une chaîne de télévision française, un médecin et un chercheur français ont émis l’idée de procéder en Afrique à des essais d’un vaccin qui existe déjà pour lutter contre le Covid-19, comme cela avait été fait sur des prostituées pour le vaccin contre le Sida.

Telles que les choses ont été dites, cela pouvait être considéré comme du mépris envers les Africains. Et nous sommes nombreux à avoir compris les choses de cette façon. Cela a suffi pour qu’une bonne partie de notre intelligentsia se dresse, sabre au clair, pour dénoncer furieusement ce racisme, cette volonté d’anéantir les Africains.

Une violente campagne est donc lancée pour que les Africains refusent tout vaccin contre le Covid-19 qui leur serait proposé par les Européens et une liste de pays ayant déjà accepté que des essais de ces vaccins soient effectués chez eux est dressée, afin que leurs dirigeants soient sanctionnés par leurs peuples. Il semble même que devant la levée de boucliers, des gouvernements aient décidé de refuser tout vaccin qui leur serait désormais proposé par les Européens.

Pour être fâchés, nous le sommes vraiment ! Essayons quand même de recentrer le débat. Les deux hommes qui ont parlé dans cette émission ont fait une proposition. Ils n’ont pas décidé de faire des essais de ce vaccin en Afrique parce qu’ils n’en ont pas le pouvoir.

Le vaccin dont il s’agit est un vieux vaccin que la plupart d’entre nous avons déjà fait et qui nous a protégés contre certaines maladies. Il s’agit de voir maintenant s’il est aussi efficace contre le coronavirus. Ceux qui lisent ces lignes ont tous déjà été vaccinés contre une ou plusieurs maladies depuis qu’ils sont nés. C’est grâce aux vaccinations que des maladies telles que la variole ou la poliomyélite ont été totalement ou, en partie, éradiquées.

Régulièrement, nos pays lancent de vastes campagnes de vaccination pour nous-mêmes ou pour nos enfants. Avant que l’on ne ferme nos frontières, du fait du Covid-19, on ne pouvait pas entrer dans nos pays à partir des aéroports sans avoir été vacciné contre certaines maladies.

Aucun des vaccins utilisés depuis toujours chez nous n’a été fabriqué par les Africains. Ils ont tous été fabriqués par les Européens, Américains ou Asiatiques. Tous les vaccins sont toujours testés sur des hommes avant d’être largement diffusés.

Alors, parce que deux quidams européens ont dit lors d’un débat télévisé : « Allons tester ce vaccin sur les Africains », nous ne voulons plus d’un vaccin ou d’un médicament qui viendrait des Européens ? La bonne affaire ! Eh bien, fabriquons donc notre propre vaccin ! Qu’attendons-nous ? Qui nous interdit de faire nous aussi des recherches scientifiques pour trouver des choses qui seraient profitables à l’humanité ?

Ah, cette émotion nègre ! Pendant que les autres sont en train de se triturer les méninges pour trouver, au plus vite, un médicament ou un vaccin pour contrer le fléau qui risque de détruire toute l’humanité, nous, nous nous émouvons. Les écorchés vifs à la susceptibilité à fleur de peau que nous sommes n’avons rien d’autre à faire que de surveiller la parole maladroite qui sortirait de la bouche d’un Occidental pour nous émouvoir et nous indigner. Apparemment, c’est la seule chose dans laquelle nous nous soyons spécialisés.

Nous avons nos indignés professionnels qui, le plus souvent, vivent en Europe et qui pour rien au monde ne reviendraient vivre sur leur continent d’origine et leurs succursales en Afrique qui reprennent leurs indignations, sans toujours y comprendre quelque chose.

Sortons de tout cela et concentrons-nous sur la lutte contre le coronavirus. Pour le moment, aucune recherche sérieuse n’est menée sur notre continent pour trouver un médicament ou un vaccin. Nous sommes donc obligés d’attendre ce que les Européens, Américains ou Asiatiques trouveront.

Prions, puisque c’est l’une des choses que nous sachions faire le mieux, pour que leurs recherches aboutissent rapidement. Lorsqu’ils nous proposeront leurs médicaments ou vaccins, nous verrons bien qui les acceptera ou les refusera. En attendant, comportons-nous de manière responsable, en circulant et en nous rassemblant le moins possible, en mettant des masques, en respectant tout simplement les consignes de nos autorités


Le 06/04/20 à 09:01
modifié 06/04/20 à 09:01