Youzan Irié Hélène: ‘‘Si le Covid-19 se propage à Adjamé, c’est toute la Côte d’Ivoire qui serait atteinte’’

Youzan Irié Hélène
Youzan Irié Hélène
Youzan Irié Hélène

Youzan Irié Hélène: ‘‘Si le Covid-19 se propage à Adjamé, c’est toute la Côte d’Ivoire qui serait atteinte’’

Le 28/03/20 à 10:11
modifié 28/03/20 à 10:11
Dans quel contexte avez-vous décidé de fermer le marché gouro d’Adjamé?
Après un entretien lundi dernier avec une délégation ministérielle avec à sa tête le ministre en charge de la Santé et de l’Hygiène publique, le Dr Aka Aouélé, nous avons pris conscience du danger auquel nous sommes exposées, face à la propagation de la maladie à coronavirus. De même, l’actualité mondiale, sans cesse, nous présente le bilan alarmant de cette pandémie, que rien ne semble freiner. Au regard de tous ces exemples, nous avons compris que nous sommes toutes exposées dans ce marché. Notamment les grossistes, les demi-grossistes, les détaillantes, les clients, les transporteurs, etc. La chaîne d’approvisionnement est longue. Plusieurs étapes sont franchies jusqu’à ce que la nourriture parvienne dans nos assiettes. Si le virus qui est déjà dans notre pays se propageait à Adjamé, c’est la population de la Côte d’Ivoire qui serait atteinte !

Après la sensibilisation du ministère de la Santé, vous avez décidé d’agir...

Oui, la présidente a décidé de monter au créneau. Elle a ainsi initié une série de rencontres de sensibilisation avec tous les acteurs du marché. D’un commun accord, ils ont tous approuvé la fermeture du marché. Et cela, pour préserver leur santé, mais aussi celle des clients.

Quelles sont les actions en cours, depuis jeudi soir ?

Le marché a été fermé pour un nettoyage général. Tout le marché est en train d’être balayé par une équipe contactée par la coopérative. Cette opération a démarré le jeudi soir et va s’achever le dimanche 20 mars. Il sera procédé ensuite à la désinfection et à la dératisation du marché, en collaboration avec les services d’hygiène du district d’Abidjan et la mairie d’Adjamé. Le lundi 30 mars, il sera procédé à l’installation des commerçants. Nous sommes obligés de réorganiser le marché, en respectant les distances d’un mètre, comme prévu. Des femmes vont ainsi se retrouver à trois ou quatre, là où on avait 8 femmes par rangée, selon les différents départements. C’est le mardi 31 mars 2020 que le marché va rouvrir ses portes.

Quelles sont donc les dispositions pratiques pour les clients ?

Après cette mesure, il faudra aussi prendre les dispositions qui tiennent compte de la sécurité sanitaire des clients. Rien ne sera négligé pour préserver la santé de la population. Des gels hydroalcooliques seront mis à leur disposition, avant d’accéder au marché. Ce sera comme la procédure observée dans les supermarchés.

L’accès au marché sera-t-il également réglementé ?

Nous veillerons à ce que les gens entrent dans le marché par petits groupes. Ainsi, ils seront organisés par vagues de 20 à 50 personnes. Cette disposition va leur permettre de sillonner les étals des commerçants sans se frotter. A cela s’ajoutent deux couloirs de sortie. On entrera par une porte et on sortira par une autre. Il y aura aussi un passage pour l’entrée des camions et un autre pour la sortie.

La sensibilisation à la maladie à coronavirus est-elle bien passée à votre niveau ?

Franchement dit, au début de l’épidémie, nous l’avons banalisée, comme c’était le cas de l’Ebola. Puis, après la sensibilisation du premier responsable de la Santé, nous avons changé d’attitude. Ce mal est une réalité. Si une personne ne se protège pas, elle est capable d’en contaminer au moins vingt. Par ailleurs, les conséquences économiques liées à cette pandémie ne sont pas négligeables. Car le marché gouro c’est au moins 1000 personnes, sans compter les clients. Mais si nous ne prenons pas les dispositions nécessaires et que nous mourons, qui va s’occuper de nos enfants, de notre famille ? La vie est précieuse et plus importante que l’argent!


Le 28/03/20 à 10:11
modifié 28/03/20 à 10:11