Lutte contre le Coronavirus: Que faire ?

Lutte contre le Coronavirus: Que faire ?

Le 26/03/20 à 19:48
modifié 26/03/20 à 19:48
Cette chance est que la maladie est arrivée chez nous avec un certain retard, et ses effets sont, si l’on peut dire, quelque peu différés.

Ce qui devrait nous donner une certaine marge pour ajuster notre réaction en fonction de ce que nous voyons ailleurs. Les ravages de la maladie avaient commencé en Chine, avant de se répandre en Europe et descendre chez nous en Afrique. Au moment où j’écris ces lignes, nous ne déplorons aucun décès connu dû au Covid-19 dans notre pays, alors qu’en Chine, en Europe et aux États-Unis, c’est-à-dire dans les pays les plus riches, les plus puissants et les mieux équipés du monde, c’est par milliers que l’on compte les morts. En Espagne, où l’on dénombre plus de 4000 morts, l’on ne sait même plus où garder les cadavres. En France, on parle de plus de 1300 morts et les États-Unis comptent eux aussi plus de 1000 morts avec New York, la capitale économique du pays, comme épicentre.

La situation s’est dégradée dans ces pays parce qu’ils avaient réagi avec du retard. Ils avaient, pour certains d’entre eux, en tout cas, l’excuse de n’avoir pas compris assez tôt la gravité du problème. Excuse que nous ne pouvons pas évoquer, nous autres pays africains. Lorsque la Chine a pris l’exacte mesure de la situation, elle a interdit à des millions de personnes de sortir de chez elles, a désinfecté les rues, les maisons, généralisé les tests, etc. Aujourd’hui, elle commence à crier victoire. La Corée du Sud, qui fut pendant un moment le deuxième pays le plus touché au monde, a utilisé à peu près les mêmes méthodes que la Chine et elle aussi commence à gagner la bataille. Les pays les plus gravement touchés d’Europe ont compris qu’il fallait pratiquer le confinement, et ils l’appliquent en le renforçant chaque jour. C’est dur, mais ils n’ont pas le choix.

Qu’en est-il pour ce qui nous concerne ? Nous avons commencé par donner des conseils de prudence, d’hygiène et de distanciation sociale. Puis, nous avons décidé de fermer notre aéroport international et de garder en quarantaine les personnes qui venaient de certains pays. Nous devons reconnaître que nous avons appliqué ces mesures avec beaucoup de légèreté. Lorsque les cas de contamination ont commencé à se multiplier, nous avons durci les mesures, avec notamment le couvre-feu, la limitation de la circulation entre Abidjan et le reste du pays. Petit à petit, une partie de notre population commence à prendre conscience de la gravité de la situation. Il n’en est pas de même pour tous nos compatriotes. Gageons que les pouvoirs publics sauront mettre au pas les inconscients qui s’amusent à violer les consignes destinées à protéger la société tout entière. Mais que ferons-nous si la maladie commençait à tuer chez nous ? Nous savons dans quel état se trouvent nos unités sanitaires. La situation pourrait être pire qu’en Europe et sans doute que nous irons au confinement qui est, pour le moment, le seul moyen qui permet d’arrêter la circulation du coronavirus. Nous n’aurons pas le choix. Dans un tel cas, comment ferons-nous pour nous nourrir, nous soigner, faire tourner notre économie, pour vivre tout simplement ? Comment feront les travailleurs informels qui vivent au jour le jour ? Mon ami, le docteur David Koffi avec qui je discutais de la question, a eu cette réponse : « Commençons par demander aux Chinois comment ils ont réussi à mettre sous cloche plus de 50 millions de personnes. Demandons aux pays européens comment ils s’y prennent à leur tour. Demandons aux Indiens qui viennent de confiner plus d’un milliard de personnes. Mais surtout, demandons aux Ivoiriens de commencer à réfléchir et de proposer des solutions. Nous avons notre environnement propre dont nous devons tenir compte. Les femmes du marché, les paysans, les transporteurs, les travailleurs informels, toutes ces personnes qui seront certainement les plus affectées par un confinement, peuvent être les mieux à même de nous apporter les meilleures solutions adaptées à nos réalités ».

Si nous espérons de toutes nos forces ne pas avoir à déplorer de morts et ne pas en arriver à un confinement de toute notre population, nous ne devons cependant pas écarter cette éventualité. Peut-être même devrions-nous l’anticiper et ne pas attendre d’avoir des morts avant d’y arriver. Alors, c’est maintenant que nous devons commencer à y réfléchir et nous organiser. Fraternité Matin, votre journal, est disposé à publier vos propositions les plus pertinentes.


Le 26/03/20 à 19:48
modifié 26/03/20 à 19:48