Covid19: Un couvre-feu sanitaire diffère du couvre-feu sécuritaire

Un couvre feu (Aip)
Un couvre feu (Aip)
Un couvre feu (Aip)

Covid19: Un couvre-feu sanitaire diffère du couvre-feu sécuritaire

Le 26/03/20 à 06:51
modifié 26/03/20 à 06:51
Quelques réticences ont été observées, mercredi 25 mars nuit, par endroits, à Abidjan. C’est même un euphémisme quand on étend l’observation à l’ensemble du pays. De nombreux Ivoiriens rusent avec le couvre-feu. Certaines personnes avec qui nous avons échangé sont à la recherche de ‘’petits trucs’’ pour s’y soustraire. Comme par le passé. « Les couvre-feu et nous, on se connaît. Chaque fois qu’on l’instaure, on trouve un moyen de s’y dérober », ont-elles argué.

Oui! On a en mémoire quelques maquis ouverts ou créés dans des cours ou parkings pour se retrouver entre amis en plein couvre-feu. Parfois avec la complicité d’agents de force de l’ordre qui, si complices étaient-ils, s’assuraient que ces quelques groupuscules de copains qui partageaient un verre dans leur quartier ne représentaient aucun danger.

C’était juste parce que nous avions à faire à des couvre-feu sécuritaires. Des couvre-feux instaurés pour permettre à l’armée d’identifier tout ennemi et de le combattre. Ça, c’est pour la sécurité du pays, des institutions de la République.

Ici, le contexte est totalement différent. Certes il y a un ennemi bien identifié, mais il ne menace nullement les institutions du pays. En tout cas, pas au sens où il a pour objectif de les renverser, comme des assaillants classiques. Ici, l’ennemi est un virus qui cherche à s’attaquer à tout le monde. Il utilise pour arme nos mains et recrute ses moyens de transport en chacun de nous. Comme contre ce virus, on n’a, pour l’instant, aucune arme pour le combattre, on nous demande de nous protéger nous-mêmes et de refuser de lui servir de soldats, d’agents propagateurs. C’est tout le sens de l’actuel couvre-feu. Qui, lui, est sanitaire.

Ruser avec lui, c’est s’exposer soi-même, exposer sa famille, ses proches et la nation.

En ce qui me concerne, je n’ai jamais tué et cela n’a rien à avoir avec la présence d’un gendarme, policier ou magistrat. Je ne me suis jamais arrêté à un coin de la rue, dans le noir absolu pour dire:» Tiens, aucun élément des forces de l’ordre en vue ? Donc je peux tuer un être humain». Jamais.

Cette idée de provoquer des morts par un comportement irresponsable est insupportable à ma conscience. D’où ma stricte observation des différentes mesures arrêtées. Parce qu’en servant d’agents propagateurs du virus, ce sont des dizaines de personnes que je mets en danger de mort. Quand je me regarde dans le miroir, ça ne me ressemble pas.

On n’aide pas un terroriste.Le coronavirus, c’est un terroriste. En termes de menace, de propagation de la terreur et de victimes, c’est probablement un terroriste 5 G. Alors vous imaginez-vous offrir vos services pour déposer bombes et munitions d’un terroriste dans votre maison, vos bureaux, votre quartier pour tuer des gens, y compris vous-mêmes ? Franchement.

Et pourtant, c’est exactement ce qu’on fait quand on ruse avec les mesures instaurées.

Le 26/03/20 à 06:51
modifié 26/03/20 à 06:51