Diomandé Mamadou (président de la Fenitourci): «Nous nous inquiétons pour l’avenir des établissements hôteliers»

Diomandé Mamadou, président de Fenitourci. (DR)
Diomandé Mamadou, président de Fenitourci. (DR)
Diomandé Mamadou, président de Fenitourci. (DR)

Diomandé Mamadou (président de la Fenitourci): «Nous nous inquiétons pour l’avenir des établissements hôteliers»

Le 23/03/20 à 17:10
modifié 23/03/20 à 17:10
Le secteur du tourisme est durement touché par la propagation du Covid-19. Le président de la Fédération nationale de l'industrie touristique de Côte d'Ivoire (Fenitourci) lève un coin du voile sur les difficultés rencontrées par les acteurs.
A l’instar de plusieurs pays, la Côte d’Ivoire est frappée de plein fouet par la pandémie du Coronavirus. Le tourisme est concerné en première ligne. Quelles sont les répercussions de cette pandémie sur ce secteur, élément vital pour l’économie ivoirienne ?

Je compare le Coronavirus à une guerre. Ce, d'autant qu'il est plus catastrophique que ce que nous avons vécu après les élections de 2010 et même la crise de 2002 avec les dégâts connus et qui continuent. Avant même les mesures du gouvernement, nous, opérateurs du secteur avions senti les choses venir sauf qu'on n'imaginait pas une telle ampleur de la pandémie. Nos craintes étaient parties des compagnies aériennes, annulation d'activités, de colloques, de billets de voyage depuis l’Asie, la France, l’Italie. Par ailleurs, des ministères et entreprises avaient commencé à annuler des missions dans les pays où la maladie s’était déclarée. Nous sommes sensibles aux bruits de bottes dans notre secteur.

Quel est donc l’impact en termes d’emplois ?

En 2018, le volume de vente de billets des agences de voyage était de 106 milliards de FCFA. Cette année, j'ai peur qu'on ne puisse atteindre la moitié de ce chiffre d’affaires ; c’est la catastrophe. Je me demande quelle sera l’avenir de nos établissements. Dans toutes les agences de voyages, des agents ont perdu leurs emplois faute d’activité. Aujourd’hui, tout est arrêté, aucune vente de billet, au niveau des établissements d’hébergement. A Abidjan, les taux d’occupation ont baissé. Après les mesures prises par le gouvernement, ceux de l’intérieur du pays ont commencé à sentir l’impact de la pandémie. Au regard de ces mesures draconiennes, les annulations ont commencé à se faire sentir. Aujourd’hui, ce n'est pas sûr qu'on puisse avoir les 20 milliards de FCFA de la même période.

Que représentait le poids de ces opérateurs (agence de voyages, établissements hôteliers, restaurateurs) dans l’économie ivoirienne ?

Le secteur était en progression, car le poids du tourisme dans le Pib ivoirien, à la sortie de la crise, était de 1.5 en 2012 ; 4,5% en 2013 et 6 ,25% en 2018. Avec le coronavirus, ce Pib chutera fortement en 2019. La Côte d’Ivoire enregistre en 2018, 500 agences de voyages dont seulement affiliées à Air transport aérien (Iata). Là, il faut faire la différence entre une agence de voyage affiliée à l’Iata, qui vend des billets et celle qui a une licence d’exploitation délivrée par l’Etat de Côte d’Ivoire. En 2018, la Côte d’Ivoire comptait 2610 établissements d’hébergements.

Si la crise sanitaire perdure, que recommandez-vous au gouvernement pour atténuer l’impact de cette pandémie sur le tourisme ?

Nous plaidons pour des mesures d’accompagnement pour que les entreprises puissent survivre au Coronavirus. Je me demande si après le Covid-19, on aura 50% d’hôtels et même 10% des agences de voyages actuellement. Nous avons souhaité l’exonération totale de la fiscalité, des impôts, pendant cette période. Les établissements d’hébergement sont en train de mettre du personnel au chômage. Dans les mois à venir, nous ne pourrons plus payer les salaires, les emplois vont disparaitre. Que le gouvernement se penche sur nos doléances ; à savoir l’exonération totale des impôts, le Bic, des patentes, de la fiscalité liée aux collectivités, les redevances, la subvention des salaires au niveau des entreprises, les restaurateurs, les agences de voyages. Malgré cette situation, nous continuons à payer les impôts. Quand bien même ce serait une mission régalienne, l’Etat doit sursoir à ses contrôles.

Que pensez-vous des 13 mesures prises par le Conseil national de sécurité (Cns) pour contenir la pandémie ?

Nous saluons ces décisions qui visent la survie des entreprises touristiques malmenées par cette pandémie. Elles sont salutaires et courageuses. On aurait dû prendre ces mesures très tôt ; ne serait-ce que la fermeture de l’aéroport d’Abidjan et ce, depuis le déclenchement de la maladie en Asie. Au contraire, nous avons continué de recevoir les voyageurs, notamment d’Italie, de la France. Il faut veiller à l'application stricte de toutes les mesures prises car elles ne sont pas respectées par tout le monde.

Quels sont les objectifs de votre organisation ?

La Fédération a vu le jour en 2011, sur recommandations des chefs d'Etat et de gouvernement de l’Uemoa. Après la mise en place de cette politique de nos dirigeants dans le cadre du partenariat public-privé, les instances de l’Uemoa ont convié les professionnels du tourisme et du secteur privé à réfléchir sur un programme régional de développement du tourisme pour faire de notre espace communautaire, un marché visible, attractif. Le dernier atelier a fait cette recommandation aux Etats membres et au secteur privé. Il y a été aussi question de fédérer les différents corps du tourisme ; à savoir les agences de voyages, les établissements d’hébergement appelés hôtels, les résidences, les loueurs de véhicules, les restaurants classiques, les maquis, l’artisanat d’art.


Le 23/03/20 à 17:10
modifié 23/03/20 à 17:10