Portrait : Suzanne Abrogoua... Pour Mélabr et l’art du tissage

Depuis 2010, Suzanne Abrogoua magnifie l'art du tissage. (DR)
Depuis 2010, Suzanne Abrogoua magnifie l'art du tissage. (DR)
Depuis 2010, Suzanne Abrogoua magnifie l'art du tissage. (DR)

Portrait : Suzanne Abrogoua... Pour Mélabr et l’art du tissage

Le 21/03/20 à 17:45
modifié 21/03/20 à 22:58
Port altier. Timbre vocal rassurant. Dans sa tenue vestimentaire qui indique son choix pour la promotion des richesses culturelles africaines, Suzanne Abrogoua présente l’essence de Mélabr, sa structure spécialisée dans la promotion de la fraternité et de la cohésion sociale.

Une structure portée par l’art du tissé (le tissage de différentes régions de la Côte d’Ivoire) et créée pour participer au mieux-être socio-professionnel de la femme et de la jeune fille. « Abordant les questions de protection sociale ou des problèmes de développement, on parle souvent des jeunes filles des zones rurales et on oublie celles qui sont déplacées de chez elles jusqu’en ville. Le choc culturel fait qu’elles sont parfois perdues. Il faut qu’on leur donne l’opportunité d’avoir un métier. Voici l’essence de Mélabr », dit-elle.

Mais s’intéresser à la vie de la femme et de la jeune fille est aussi une réponse à une situation vécue au cours de ses nombreuses années de vie professionnelle bien remplie. « C’est une longue histoire de carrière de plus de trente ans. Je me suis aperçue qu’étant la plupart du temps seule membre, soit du Comité de direction (du temps où elle était au Port autonome d’Abidjan), soit du Conseil d’administration de la structure de gestion des ponts à péage, en tant que Pca, j’aurais pu en tirer profit et une grande fierté. Mais j’ai été meurtrie de savoir que les femmes, à ce niveau, n’étaient pas représentées. Alors je me suis dit, si avec le background que nous avons, nous ne sommes pas nombreuses à répondre présentes à ce niveau, qu’en est-il donc de nos jeunes filles qui ont appris à travailler avec leurs mains ? Comment font-elles pour nourrir et éduquer leurs enfants ? »

L’idée de Community service

Pour répondre à cette sa préoccupation, Suzanne Abrogoua décide de se donner une retraite anticipée. Elle crée alors Mélabr pour offrir aux jeunes filles un rôle respectable à jouer dans la société. « Les Américains parlent de Community service...Quand vous avez travaillé, vous devez comprendre qu’un jour ou l’autre, vous devez payer un retour à la société. Et pour moi, payer un retour à la société, c’est m’occuper des jeunes filles en créant Mélabr, afin qu’elles puissent y travailler, assurer leur leadership et surtout nourrir leurs enfants », fait savoir la directrice de cette entreprise née en 2010 dans l’idée d’une entreprise sociale, portée par la promotion du genre et la possibilité de donner aux jeunes filles leur chance.

La structure s’impose au point d’être aujourd’hui à 97% composée de femmes. Le management est à 100% féminin avec comme slogan, l’art de vivre dans le tissage d’Afrique. Mais Mélabr travaille beaucoup plus le tissé de Côte d’Ivoire venant aussi bien du nord (région du Poro) que du centre du pays (régions de Gbêkê ou du Bélier).

A la fois atelier de confection et distributeur, Mélabr a entamé, depuis ce mois de mars, un autre pan de son fonctionnement: le système de ventes privées. La deuxième phase de ce concept aura lieu dans la période des fêtes des Mères et Pères, la troisième en septembre avec l’événement dénommé Africa by Africa et, enfin, la quatrième phase au moment des fêtes de fin d’année.

« Ce sera le temps des rencontres festives avec les couleurs rouge et doré, ainsi que tout ce qui est flamboyant, mais qui portera la marque du tissé traditionnel africain », précise Suzanne Abrogoua


Le 21/03/20 à 17:45
modifié 21/03/20 à 22:58