Suspension des activités sportives : Fédérations, clubs et athlètes s’adaptent, mais...

Sol Béni, le complexe sportif de l'Asec a fermé ses portes à toutes les activités. (DR)
Sol Béni, le complexe sportif de l'Asec a fermé ses portes à toutes les activités. (DR)
Sol Béni, le complexe sportif de l'Asec a fermé ses portes à toutes les activités. (DR)

Suspension des activités sportives : Fédérations, clubs et athlètes s’adaptent, mais...

Le 21/03/20 à 17:34
modifié 21/03/20 à 17:34
Les mesures d’interdiction de toutes les activités sportives imposées par le ministère des Sports, suite au communiqué du gouvernement, sont observées depuis quelques jours à la lettre par les acteurs du sport ivoirien. « Chacun doit s’y mettre parce que nous sommes tous engagés pour freiner cette pandémie. Il faut s’aligner sur ces mesures », estime Fanny Aboubacar, président de la Fédération ivoirienne de karaté et disciplines associés (Fikda).

Pour Allou Honoré, président de la Fédération ivoirienne de lutte, la situation s’impose à tout le monde et personne ne peut y échapper. Des dirigeants de clubs qui ont en charge plusieurs athlètes approuvent également la décision du gouvernement. « C’est une mesure salutaire parce qu’il y va de la santé et de la vie de la population. Il faut respecter les consignes. Dans nos stades, on retrouve parfois près de 3000 personnes et cela constitue un véritable risque », renchérit Sanogo Souleymane, président de Sol Fc, le club de première division ivoirienne.

Dispositions

Partout donc, les consignes sont suivies et chacun à son niveau a pris les dispositions qui s’imposent. Les portes des différents sites d’entraînement des clubs sont fermées à leurs athlètes depuis quelques jours. L’Asec mimosas s’est inscrit dans cette logique en fermant temporairement son complexe sportif et hôtelier situé à Mpouto, à la Riviera. Les entraînements de l’équipe professionnelle et de l’équipe réserve sont arrêtés. L’Académie Mimosifcom est également fermée tout comme les activités de sport-loisir pour les enfants et les adultes.

L’Asec n’est pas le seul club à prendre des mesures drastiques face à la situation. « Nous avons décidé d’arrêter toutes les activités du centre de formation comme de l’équipe A. Nous avons demandé aux athlètes de rester en famille et d'appliquer les consignes d’hygiène. Nous nous en tenons aux consignes de la fédération et du ministère », indique le président Sanogo Souleymane de Sol Fc (Ligue 1, Côte d’Ivoire).

Le président Fanny Aboubacar de la Fikda a donné également des instructions fermes aux membres de sa fédération. « Nous avons décidé de mettre en veilleuse tous les entraînements et programmes. N’empêche qu’à la fédération, il y aura une permanence pour assurer le minimum », précise-t-il.

Parallèlement à ces dispositions, des dirigeants ont donné des consignes à leurs athlètes pour leur permettre de maintenir la forme. « Nous avons mis tous les garçons au repos en leur donnant un programme d’entraînement spécifique et individuel pour éviter d’aller s’entraîner dans les quartiers et éviter la foule. Nous leur avons demandé de faire du footing, et des exercices d’abdominaux pour maintenir la forme. Ils doivent rester à l’écoute des dirigeants et appliquer les mesures d’hygiène. Pour le contrôle effectif de ce travail individuel, nous avons deux médecins qui vont suivre régulièrement le programme et prendre les informations. Quand les joueurs reprendront, ils seront testés sur leur forme physique et leur santé. On garde le contact avec eux, on s’envoie régulièrement des Sms », explique Laurent Boli, le président délégué de l’Afad.

A l’Africa Sports, les dirigeants ont concocté un programme pour permettre à leurs joueurs de rester physiquement éveillés. « Dix joueurs vont se relayer pour faire des activités physiques et avec du footing. Ce sera sous le contrôle du médecin », explique Lignon Nagueu, l’entraîneur de l’Africa.

Inquiétudes

A l’instar des autres secteurs cependant, la suspension des activités sportives a des conséquences. Pour l’instant, on ne mesure pas encore l’impact financier pour les clubs et les fédérations en Côte d’Ivoire, mais si la situation persiste, personne ne serait épargné. Pour les clubs notamment, où en cas de rallongement du calendrier, cela devrait avoir un impact sur le budget.

« Au plan administratif, le championnat va se prolonger et les budgets n’ont pas été faits pour aller au-delà de ce qui était prévu. Nous réfléchissons s’il ne faut pas solliciter une aide de la fédération ou du ministère. Quand nous faisons notre budget, nous tenons compte du début et de la fin et nous nous préparons en fonction. Les garçons sont à la maison, à la fin du mois il faut les payer. Cela nous rappelle un peu la période de la crise où il y avait le couvre-feu. Nous payions moitié salaire. C'est vrai, nous n’avons encore rien décidé mais ce ne sera pas évident. Le plus important, c’est d’éradiquer la maladie », explique Laurent Boli.

« Bien sûr qu’il y a un impact sur la gestion de notre club. En Europe, il y a eu des mesures d’accompagnement et nous souhaitons que ce soit pareil chez nous parce que ce sont des contrats qui ont été signés avec nos athlètes », ajoute Sanogo Souleymane de Sol Fc. Un manque à gagner également pour les athlètes, dont les primes constituent une partie du salaire.

« Nous espérons reprendre le plus tôt possible la compétition mais si ce n’est pas le cas, nous ne savons pas comment les dirigeants vont nous gérer au niveau des salaires. C’est difficile au niveau financier. Sans prime, cela va avoir un impact sur notre budget », s'inquiète E.K, milieu de terrain d’un club de Ligue 1 qui a voulu garder l’anonymat. Malheureusement, lui et ses camarades n’ont pas eu le temps d’évoquer cette situation avec les dirigeants. « C’est à la maison que nous avons appris la décision d’arrêter les compétitions », ajoute-t-il.

A la Fédération ivoirienne de football, l’une des fédérations les plus importantes, on mesure plus l’impact au niveau de l’harmonisation du calendrier. « Nous avons prévu la fin du championnat pour le 23 mai. Mais il est évident que si la situation perdure, nous serons obligés d’en tenir compte et prendre des dispositions, en revoyant le calendrier des compétitions. Nous devons tenir compte de la date de dépôt des noms des équipes qualifiées pour les compétitions africaines », explique Sory Diabaté, premier vice-président de la Fif.

Toutefois, la Fif estime que cette situation est mondiale et que la Caf a été obligée de revoir la programmation de certaines compétitions. Sur le plan financier, la faitière n’est heureusement pas perturbée. « Il n’y a pas de compétition donc il n’y a pas de frais d’organisation à engager. Quant aux engagements avec les partenaires, il n’y a pas de problème », ajoute-t-il.

Par contre, ça grince des dents face à certains grands rendez-vous dont il va falloir se passer dans cette situation. « Il y a des activités telles que le challenge trophée à Yamoussoukro mais également la coupe des vainqueurs de coupe qui ont été annulées. On sera obligé d’adapter notre calendrier à tout cela », dit Aboubacar Karaboué, président de la Fédération ivoirienne de handball. « Nous étions en pleine préparation du tournoi de qualification olympique Afrique-Océanie initialement prévu du 11 au 16 mars à El Jadida, au Maroc. Et compte tenu de la pandémie du Coronavirus, ledit tournoi a été reporté par la fédération internationale et la nouvelle date retenue, c'est du 23 au 29 mai toujours à El Jadida. Malheureusement pour nous, tout doit s'arrêter, surtout les entraînements. Vous comprendrez que c'est une situation difficile pour nous, dirigeants sportifs, qui sommes à la recherche du précieux sésame pour Tokyo 2020 », déplore Allou Honoré (Fédération de lutte).

Quant à Cissé Logossina, président du Racing club, leader de la Ligue 1, il redoute que cet arrêt impacte physiquement et psychologiquement ses joueurs. Selon lui, une saison trop longue peut également jouer sur le temps de récupération, avant la nouvelle saison.

Ainsi va donc la vie des acteurs du sport ivoirien face aux mesures de restriction liées à la menace de la pandémie du coronavirus.


Le 21/03/20 à 17:34
modifié 21/03/20 à 17:34