Pr. Abou Karamoko (président de l’UFHB ): “Le Président Ouattara a beaucoup fait pour l’enseignement supérieur”

Pr. Abou Karamoko, président de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody. (DR)
Pr. Abou Karamoko, président de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody. (DR)
Pr. Abou Karamoko, président de l’Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody. (DR)

Pr. Abou Karamoko (président de l’UFHB ): “Le Président Ouattara a beaucoup fait pour l’enseignement supérieur”

Le 17/03/20 à 09:39
modifié 17/03/20 à 09:39
La première université ivoirienne, en âge et en effectif, a fait des réformes qui devraient la positionner parmi les meilleures de l’espace Cames. Son président, le Pr. Abou Karamoko, nous en parle.
M. le président, sous quel signe placez-vous l’année académique 2019-2020 à l’Université Félix Houphouët-Boigny (Ufhb)?

Permettez-moi, avant de répondre à votre question, de relever que depuis ma prise de fonction à la tête de l’Ufhb, avec mon équipe, nous avons opté pour une gestion participative, afin de construire une université innovante, performante, citoyenne et largement ouverte sur la société ivoirienne et sur l’extérieur. Bien évidemment, nous avons dû faire des réformes pour être à la hauteur de nos ambitions. Subséquemment, pour cette année universitaire 2019-2020, nous allons poursuivre ces réformes et travailler à l’amélioration de ce qui a déjà été fait.

Justement, à propos des réformes entreprises à l’Ufhb, peut-on en savoir plus ?

Nous avons d’abord engagé des actions pour rationaliser la gestion des heures d’enseignement et des heures dites complémentaires (Ndlr, les heures complémentaires sont des heures de cours dispensés au-delà du volume horaire dû). Pour cela, nous avons assaini la gestion de ces heures car selon son grade, un enseignant est astreint à effectuer, conformément au décret, un volume horaire déterminé comme suit : 240 heures pour les assistants et maîtres-assistants, 150 heures pour les maîtres de conférences et les professeurs titulaires et 360 heures pour les auxiliaires. Aujourd’hui, nous avons décidé de plafonner ces heures, de sorte que dans son obligation de service, un enseignant ne peut excéder plus d’une fois et demie la charge horaire des heures dues. Cela, d’un point de vue scientifique et pédagogique, permet de préserver la santé de l’enseignant et d’améliorer, par ricochet, la qualité de l’enseignement. Grâce à un logiciel de gestion mis au point par des experts de l’Ufr Mathématiques et Informatique, chaque enseignant doit enregistrer les cours qu’il a effectués sur une plateforme, en indiquant l’intitulé du cours, la salle, le jour et l’heure où il a été dispensé. Ainsi, à la fin de l’année académique, le gestionnaire de la plateforme calculera les heures complémentaires de chaque enseignant, sur la base des informations enregistrées. Je voudrais également relever que nous avons élaboré un manuel de procédures des examens. Ce manuel décrit tout le processus des examens et les dispositions à prendre, depuis la proposition des épreuves et la surveillance des examens, jusqu’à la proclamation des résultats, en passant par la délibération et la remise des procès-verbaux. Cela signifie que les dates des examens et de proclamation des résultats seront communiquées à l’avance à tous.

Sur le plan académique proprement dit, avez-vous revisité le Lmd ?

Oui bien sûr ! Dans le souci d’une meilleure application des principes du Lmd, nous avons reformaté les maquettes pédagogiques, conformément aux normes internationales. Nous avons treize Unités de formation et de recherche (Ufr) qui couvrent les champs disciplinaires tels que les sciences de la santé, les sciences juridiques, économiques et de gestion, les lettres, arts et sciences humaines, les sciences et techniques, la criminologie, la communication et cela a nécessité beaucoup de travail. Je voudrais ici féliciter tous ceux qui ont œuvré pour que nous ayons ces maquettes actualisées aux normes internationales.

Qu’en est-il des écoles doctorales que vous annonciez l’année dernière ?

Il y a eu un travail préparatoire qui a été fait. Nous avons rattrapé notre retard dans ce domaine dans l’espace Cames. Nos écoles doctorales accueillent maintenant leurs premiers étudiants pour la première année de doctorat. J’ai l’habitude de dire que c’est le ‘’D’’ du Lmd qui est maintenant implémenté. Plus concrètement, dans ces écoles, les étudiants pourront participer à des colloques, des séminaires, ici et ailleurs. Ils pourront aussi faire des publications avant la soutenance de leur thèse. Au terme des trois années de formation, l’étudiant est bien outillé pour être opérationnel. La charte des écoles doctorales est telle que le doctorat se fait en trois ans, avec une seule année de dérogation, si besoin en est. Cela exige de l’étudiant une plus grande discipline de travail et aussi des enseignants une plus grande responsabilité. Dans ces écoles, un enseignant ne pourra pas encadrer plus de quatre étudiants sur les trois années prévues pour le doctorat. C’est seulement lorsqu’un doctorant aura soutenu, qu’un autre pourra s’ajouter au groupe de doctorants de l’enseignant. Bref, disons que nous sommes plus exigeants sur la qualité, la pertinence et l’originalité des travaux des étudiants. Par exemple, pour ceux qui sont inscrits en sciences, l’idée, c’est de faire en sorte qu’ils soient en relation avec les secteurs de l’industrie et d’adapter leurs recherches au marché de l’emploi. Dans la même veine, pour les sciences sociales et les autres disciplines, les écoles doctorales devront tenir compte des questions sociétales dans la formation de ressources humaines de qualité.

Il semblerait que sous le couvert des écoles doctorales, vous avez augmenté les frais d’inscription à l’Ufhb.

Jusqu’en 2021, les frais d’inscription ne changeront pas pour les étudiants inscrits avant l’ouverture des écoles doctorales. Pour les nouveaux étudiants qui voudront s’inscrire dans une école doctorale, il y a un autre règlement, car ces écoles s’autofinancent et pour qu’elles fonctionnent bien, nous avons fait des études et rencontré des associations d’étudiants afin que tous comprennent ce qui doit être fait. Ainsi nous aurons des écoles performantes. On ne peut donc pas parler d’augmentation de frais de scolarité. Je précise que le modèle mis en place à l’Ufhb est le moins disant dans la sous-région et dans l’espace Cames, en termes de coût. Je voudrais souligner que nous avons également réorganisé les laboratoires en fonction des disciplines et aujourd’hui, nous en avons 31, avec des responsables nommés, au lieu de la centaine qu’ils étaient. Cette réforme nous permet de mutualiser les moyens et d’être plus efficaces, car nous prenons davantage en compte les questions sociétales.

Pourtant, malgré ces réformes, vous avez eu à faire face à une situation qui a défrayé la chronique, en l’occurrence celle des étudiants non-inscrits...

Il y a eu quelques mouvements d’humeur, puis les non-inscrits ont compris eux-mêmes qu’il y allait de la réputation de notre université et ont accepté leur réintégration. Je voudrais souligner que nous avons mené une campagne de sensibilisation, d’information et de mobilisation depuis 2016, afin que nous puissions parvenir à zéro non-inscrit pour chaque année académique. Dans tout institut de formation, la première porte d’entrée, c’est l’inscription et dans le droit fil du respect des principes fondamentaux de l’Université, quand on n’est pas inscrit, on n’est pas étudiant. C’est un abus de langage et un non-sens que de dire étudiant et d’y accoler l’épithète ‘’non-inscrit’’. Aujourd’hui, grâce à notre campagne en faveur des inscriptions, nous avons eu, pour la première fois, 65 323 étudiants inscrits au titre de l’année académique 2018-2019. C’est le lieu de relever ici que nous avons organisé un séminaire sur l’éthique et la déontologie en décembre dernier, afin que tous soient sensibilisés à notre responsabilité commune de redonner à notre université ses lettres de noblesse. D’ailleurs, un nouveau règlement intérieur a été élaboré pour tenir compte des mutations de notre environnement et aussi de la spécificité du Lmd. L’ancien règlement, je le souligne, datait de 1999.

Peut-on dire aujourd’hui que la sérénité est revenue pour une année académique paisible à l’Université Félix Houphouët-Boigny ?

Oui, bien sûr, comme vous pouvez le constater. Tout se passe plutôt bien et nous n’avons ni grève d’étudiants ni grève d’enseignants. Le gouvernement s’attelle continuellement à l’amélioration des conditions de vie et de travail, aussi bien des enseignants que des étudiants. Le Président Alassane Ouattara a beaucoup fait pour l’enseignement supérieur. J’exhorte donc tout le monde à toujours privilégier le dialogue car nous avons tout à gagner. Il faut savoir poser nos problèmes de façon pacifique.


Le 17/03/20 à 09:39
modifié 17/03/20 à 09:39