Situation socio-politique: Les évêques font des propositions pour des élections apaisées






Le clergé ivoirien milite pour des élections sans violence en 2020. (PHOTO : d.r)
Le clergé ivoirien milite pour des élections sans violence en 2020. (PHOTO : d.r)
Le clergé ivoirien milite pour des élections sans violence en 2020. (PHOTO : d.r)

Situation socio-politique: Les évêques font des propositions pour des élections apaisées

Le 20/01/20 à 09:37
modifié 20/01/20 à 09:37
A la clôture de la 114e assemblée plénière des évêques catholiques, qui a eu lieu à Korhogo du 14 au 19 janvier, les prélats ont annoncé la publication pour bientôt, d’une lettre pastorale sur « l’Église en Côte d’Ivoire, au service de la réconciliation, la justice et la paix ». Au cours de cette rencontre de l’épiscopat ivoirien qui a eu lieu au centre Notre Dame du Rosaire de Lataha, ils ont, dans une déclaration finale, attiré l’attention de tous leurs concitoyens sur les conditions d’élections justes et apaisées. « Nous sommes tous invités à tirer les leçons d’un passé douloureux afin de reconstruire notre pays et laisser aux générations futures un héritage d’unité et de paix », a déclaré Mgr Jean Salomon Lézoutier, évêque du diocèse de Yopougon qui a lu la déclaration au nom de ses pairs.

Il a rappelé qu’au sortir de la crise post-électorale de 2010, les autorités étatiques s’étaient fixé pour priorité la réconciliation et s’étaient engagées à ressouder le tissu social déchiré. « Ce grand chantier avait suscité un immense espoir avec la mise en place successive de deux institutions : la Commission Dialogue, Vérité, Réconciliation (Cdvr) et la Commission nationale pour la réconciliation et l’indemnisation des victimes (Conariv). Malheureusement, les résultats de leurs travaux n’ont pas eu de suite. Comme il fallait s’y attendre, les ressentiments ont ressurgi, entre autres, à travers les mutineries, les conflits intercommunautaires qui se sont soldés par des pertes en vies humaines », a-t-il déploré.

Ces conflits ont, selon lui, montré combien les cœurs ne sont pas encore pacifiés et que tout peut exploser à tout moment. Surtout avec les armes utilisées lors de ces affrontements et qui révèlent que le processus de désarmement tant souhaité au sortir de la crise post-électorale n’est pas allé à son terme.

« à cette fracture sociale, est venu s’ajouter celle des partis politiques fractionnés en plusieurs entités. Avec les alliés d’hier devenus des adversaires et même des ennemis aujourd’hui ».

Il a souligné que les rapports sont teintés de ressentiments, de revanche ou de vengeance, où l’on cherche désormais à se mesurer ou à s’écraser. « Progressivement s’installe dans notre pays un climat de peur et de terreur, et nous avons le sentiment diffus de la menace et du déploiement de la force ».L’évêque de Yopougon a, par ailleurs, fait remarquer que les élections de 2020 représentent un tournant décisif pour la Côte d’Ivoire. Aussi, au vu de la situation, et pour créer les conditions pour des élections apaisées en octobre 2020, les évêques estiment que la première condition à observer est la réconciliation.

Une réconciliation qui exige, selon eux, le retour des exilés avec des garanties de sécurité, de réintégration, la libération de tous les prisonniers politiques, d’opinion sans exception et le dégel des avoirs. A ce propos, il a salué tous les efforts accomplis par les gouvernants dans le sens de la réconciliation et les ont encouragés à aller plus loin. « Nous rappelons qu’il est de leur devoir de créer toujours davantage un climat d’apaisement nécessaire à la conduite d’élections apaisées. Tous les leaders politiques doivent s’inscrire dans cette dynamique, sans recourir à la violence, comme solution aux problèmes ». La deuxième solution que proposent les Évêques est celle de la concertation et du consensus, pour prendre en compte les exigences et les aspirations légitimes de tous les acteurs sociopolitiques. Et les avis éclairés de la communauté internationale.

La troisième condition doit, selon la Conférence des évêques, être l’instauration et la consolidation de l’État de droit, qui implique le respect de la Constitution afin que personne ne nourrisse l’intention ou la volonté de manipuler les personnes, les textes, ni les institutions qui seront impliquées dans le processus électoral. La conférence estime à ce propos que le pouvoir exécutif devra agir de sorte à garantir aux personnes et aux institutions, notamment la Commission électorale indépendante (Cei) une totale indépendance.

Pour lui, la quatrième condition qui est une conséquence logique de l’indépendance de la Cei, est celle d’une élection présidentielle ouverte, qui garantisse l’égalité des chances de tous les candidats désireux de prendre part à l’élection. « La lutte contre l’exclusion trouverait ici tout son sens », a-t-il souligné.

Après avoir félicité les évêques pour leur engagement en faveur de la paix et de la réconciliation, le Nonce apostolique, Mgr Paolo Borgia, a évoqué quelques évènements qui seront célébrés sur le plan religieux, en cette année 2020. Notamment les 125 ans de l’évangélisation de la Côte d’Ivoire. Les 40 ans de la première visite du pape Jean Paul II en Côte d’Ivoire. Et le cinquantenaire des relations diplomatiques entre le Saint-Siège et l’État Ivoirien.

Le 20/01/20 à 09:37
modifié 20/01/20 à 09:37