Salle comble. Public sélect pour une cérémonie solennelle. Marquée par la présence d’éminents membres du corps diplomatique accrédités en Côte d’Ivoire, personnalités administratives et politiques, ainsi que plusieurs rois, chefs traditionnels et autorités coutumières, pour un événement majeur. C’était le 9 janvier dernier, à la salle de conférences de l’Hôtel Pullman, lors de la présentation officielle du livre-biographie intitulé « Jusqu’au bout du rêve », qui retrace l’histoire d’un homme : celle de Mathieu Kadio-Morokro, fondateur de Pétro Ivoire. Une histoire inspirante portée à la conscience collective par deux mastodontes de la presse ivoirienne. Un peu comme un rendez-vous de l’excellence, cette cérémonie a aussi été pour cet autre journaliste, critique littéraire, Michel Koffi, l’occasion de rapporter de vive voix les lignes formées sous la plume de Sa Majesté Agnès Kraidy et Zio Moussa : « Jusqu’au bout du rêve est l’histoire d’un homme que frappe le malheur, si tôt, les yeux à peine ouverts sur le monde : la mort de sa mère. Une douleur qu’il ne saurait oublier. Mais de ce handicap, le fils unique de sa mère, elle également fille unique, tirera toute sa force de vivre, avec pour seule limite « le ciel ». Et pour seule fortune, le capital travail qu’il inoculera à ses enfants, aidé et soutenu en cela par une épouse battante, Aïssata, qui lui donnera cinq enfants, fruits de leur amour à prendre en modèle, vieux de 50 ans ! ».

De Shell à Pétro Ivoire

Pour la jeunesse à la recherche de repères sociaux, la vie socioprofessionnelle de ce haut cadre est citée en exemple : « directeur des Opérations et directeur général de la société ivoirienne de fabrication de lubrifiants (Sifal), filiale commune de Shell, Total, Mobil et BP, ce diplômé en physique-chimie de l’Université Libre de Bruxelles en novembre 1970, aurait pu se contenter de ce poste juteux et vivre, somme toute, heureux, lui petit-fils de fondateur de royaume. Que non ! Trop ambitieux pour rester dans l‘écurie de cette multinationale, où il doit faire face à tant d’hostilités. Investir et gagner, telle est sa soif. Avec ses 45 millions de F Cfa cumulés comme droit de départ de Shell, il a l’audace de fonder en 1994 Pétro Ivoire dont il est le Pdg, aujourd’hui Pca. Selon Michel Koffi, l’intérêt de cet ouvrage vient de ce qu’il dit le rêve d’un homme qui ne rêve pas couché dans les lits de la paresse, mais celui d’un homme qui est allé cueillir aux prix d’immenses sacrifices, de renonciation, les étoiles de sa vie, tout près du ciel. Il avait pour devise : aller jusqu’au bout de son rêve ; être un grand bâtisseur d’empire financier ».

Fils de lignée royale

En retraçant la vie inspirante du fondateur de cet administrateur imposant, le présentateur n’a pas manqué de faire une incursion dans l’univers familial de l’homme : « Le lecteur découvrira que cet arrière-petit fils de fondateur de royaume, fils de créateur d’entreprise et négociant de commerce, neveu de sa Majesté Nanan Boa Kouassi III, 17e roi de l’Indénié, oncle maternel donc de Mathieu, est de sang noble ». Toute chose qui justifie certainement la plume royale de Sa Majesté Nanan Boa Kouassi III, préfacier de cette œuvre sur le parcours de cet homme d’exception. Un ouvrage d’environ 200 pages paru aux Éditions Cerap. Un livre dédié avant tout à toute la jeunesse, particulièrement à celle de Côte d’Ivoire, en quête de modèles, de repères et de sources d’inspiration. « Que cet ouvrage aiguille ses pas sur le chemin difficile mais ô combien valorisant de la culture et du culte de l’effort, du travail et de l’humilité » tel que l’ont écrit les auteurs.

Deux plumes pour un héros

A dire vrai, ce rendez-vous marqué par la présence d’autorités coutumières et d’éminentes personnalités du monde de la culture était aussi celui de gros « Caïmans » formés dans le moule du lycée classique d’Abidjan et qui font aujourd’hui la fierté du monde des affaires et du paysage politique de la Côte d’Ivoire gagnante. Daniel Kablan Duncan, Mathieu Kadio-Morokro, Maurice Bandaman. Ce chef-d’œuvre est le rêve réalisé de deux grandes plumes de la presse ivoirienne : Agnès Kraidy et Zio Moussa. Journaliste-écrivaine, auteure de quatre ouvrages dont « Une journaliste et un prêtre en dialogue sur l’Afrique », sa Majesté Agnès Kraidy (reine et épouse du roi d’Ebrah sa Majesté Assémien Nogbou) est présentée comme l’une des meilleures professionnelles des médias de sa génération. Première et unique femme à occuper le poste de rédactrice en chef centrale exécutive du quotidien de service public Fraternité Matin, elle est enseignante des grandes écoles. Consultante auprès d’organisations internationales, conseillère technique au ministère de la Communication et des Médias et présidente de la Fondation Agir contre les cancers, Agnès Kraidy est aussi connue pour son engagement en faveur des droits de la femme.

Zio Moussa, quant à lui, ex-chef de cabinet du ministre de la Communication, ex-rédacteur en chef central exécutif de Fraternité Matin, est auteur d’une dizaine d’ouvrages sur le journalisme. Président de l'Observatoire de la liberté de la presse, de l’éthique et de la déontologie (Olped), enseignant en journalisme et en communication, il se consacre dès la création du tribunal des pairs ivoiriens en 1995, à défendre et promouvoir l'éthique et la déontologie journalistiques.