Boxe: Sedja Sanogo, belle et « violente »

Sanogo Sedja (Dr)
Sanogo Sedja (Dr)
Sanogo Sedja (Dr)

Boxe: Sedja Sanogo, belle et « violente »

Elle fait partie des quatre boxeurs ivoiriens qui représenteront la Côte d’Ivoire aux qualifications des Jeux olympiques 2020. Remporter la médaille d’or à Tokyo au mois de juin prochain est un défi personnel pour Sanogo Sedja dont la boxe est devenue une véritable passion. Rien pourtant ne laisse transparaître chez la native de Montreuil (France) l’allure d’une bête du ring. Mais détrompez-vous! Derrière cette beauté féminine à faire craquer tout homme, se cachent une férocité, une rage de vaincre, la rigueur et la détermination qui caractérisent tout boxeur. Issue d’une famille sportive (son père et sa sœur ont pratiqué la boxe), Sanogo Sedja a été piquée par le virus du noble art à l’âge de 13 ans, alors qu’elle était destinée au rugby qu’elle pratiquait déjà et où elle était promise à un bel avenir. « Il fallait choisir entre la boxe et le rugby. J’ai finalement opté pour la boxe parce que chez nous au Boxing club de Garges où je m’entraîne, nous ne formons pas seulement une équipe, mais une famille. Je me suis très tôt attachée à mon coach qui croyait en moi et je ne suis plus sortie de là depuis l’âge de 13 ans », raconte-t-elle.

« J’ai la douceur de la femme »

Un choix du ring qui a été presque applaudi par toute sa famille, sauf sa mère. « Bien qu’elle était présente, elle n’a pas regardé mon premier combat. Elle est sortie de la salle lorsqu'il a débuté. Mais quand je l’ai remporté, elle était heureuse et a fini par accepter mon choix parce qu’elle s’est rendue compte que j’aime ce sport de combat », relate la championne ivoirienne. « Ce fut dur au départ pour elle de voir sa fille prendre des coups. Elle aurait voulu que je fasse autre chose, comme du patinage artistique par exemple », poursuit-elle. Femme de caractère, Sanogo Sedja qui a un conjoint affirme cependant être une femme "normale" au foyer. « Au début, c’était un peu compliqué, mais on a fini par s’entendre. Certains ont des préjugés et se disent que s’il y a une bagarre, je vais lui casser la gueule. Il n’en est rien. J’ai la douceur de la femme. Un homme reste un homme, avec le respect qu’il mérite. Avant d’être boxeur, je suis un être humain », a rassuré la championne de France 2019. Bien que passionnée du noble art, Sanogo Sedja trouve du temps pour faire autre chose et gagner sa vie. « Je travaille dans la journée à Paris et le soir, je m'entraîne et je donne des cours de boxe parce que j’ai passé et obtenu un diplôme d’entraîneur », précise-t-elle.

Le choix de la Côte d’Ivoire

Née en France, Sanogo Sedja aurait pu choisir de boxer pour son pays d’adoption où elle aurait bénéficié de certains avantages et peut-être d’un peu plus de moyens. Mais elle a opté pour son pays d’origine. « Je sais d’où je viens et ma famille a beaucoup pesé dans mon choix. Je suis certes née en France, mais dans ce pays, on dit que je suis d’origine ivoirienne. Je n’oublie pas d’où je viens et c’est une fierté pour mes parents », explique-t-elle.

Un choix qui est également motivé par la volonté d’ouvrir la voie à d’autres Ivoiriennes qui hésitent à faire carrière dans la boxe jugée violente et que certains considèrent comme l'apanage des hommes. « Je sais qu’il y a des jeunes filles qui veulent pratiquer la boxe mais qui hésitent. Nous voulons leur ouvrir la voie. Pratiquer la boxe permet d’avoir du caractère parce que c’est un sport qui fait appel à la discipline, la détermination, la rigueur et le mental », insiste-t-elle.

Sanogo Sedja estime avoir tiré profit de ce sport qui lui a permis d’être rigoureuse, respectueuse, d'avoir des objectifs dans la vie et de tout faire pour les atteindre. Pour les prochaines qualifications des Jeux olympiques avec la Côte d’Ivoire prévues en mars, la championne ivoirienne prétend à mieux. « Mon objectif, ce ne sont pas seulement les qualifications, mais la médaille d’or. C'est pareil pour mes études et mon travail où je vais au bout de mes objectifs »

Un mental qu’elle s’est forgée dans la pratique de la boxe où, souvent, bien qu’étant épuisé, le boxeur décide quand même d’aller jusqu’au bout.

« Il ne faut pas avoir peur de faire la boxe. C’est un art où on apprend à esquiver les coups. Il ne faut pas se considérer comme des garçons manqués. Il n’y a que la détermination qui permet d’être un grand boxeur », conseille-t-elle à ses sœurs qui aimeraient embrasser ce sport.
La fiche de Sanogo Sedja
Nom : Sanogo

Prénoms : Sedja

Né le : 13/08/1993

Lieu : Montreuil (France)

Catégorie : Welter (69kg)

Palmarès : 39 combats, 33 victoires dont 6 par KO et 27 au point, un nul et 5 défaites

2014 : Championne de France cadettes

2017 : Vice-championne de France

2018 : Championne de France séniors

2018 : vainqueur ceinture Montana

2019 : Championne de France 69 kg